re en criant:
"Blaise, mon cher Blaise, nous voici, Helene et moi."
Le comte etait pres du lit de Blaise, auquel il n'avait encore rien
dit, lui trouvant un peu de fievre, et craignant qu'une emotion
nouvelle ne redoublat son agitation. Aux premiers mots de Jules,
Blaise saisit les mains du comte, et d'un accent de detresse, il lui
dit:
"Monsieur le comte, cher Monsieur le comte, secourez-moi, sauvez-moi!
LE COMTE
Rassure-toi, mon enfant: c'est ma femme qui, apres la lecture de ta
lettre, t'envoie elle-meme ses enfants.
BLAISE
Est-il possible!... Quel bonheur!... Mon Dieu, quel bonheur!... Mon
Dieu, je vous remercie!"
Helene avait rejoint Jules, qui ne se lassait pas d'embrasser Blaise;
tous deux lui raconterent, lui expliquerent le changement survenu dans
le sentiment de la comtesse. Blaise etait aussi heureux que le comte
et ses enfants. Le bonheur l'empechait de sentir la douleur de son
pied et l'agitation de la fievre. Le comte dut user d'autorite pour
emmener Helene et Jules; il craignit que la fievre n'augmentat par
l'emotion que lui donnait la presence de ses amis; il promit a Blaise
de les ramener dans l'apres-midi, et lui recommanda, en le quittant,
de rester bien tranquille. En effet, Blaise, radieux, n'oublia pas de
remercier longuement le bon Dieu du bonheur qu'il lui envoyait, et,
tout en priant, il s'endormit. Son sommeil dura deux heures; a son
reveil, la fievre avait disparu; le cataplasme Valdajou avait enleve
presque entierement la douleur de son pied: il se livra donc sans
reserve a la joie qui inondait son coeur.
Peu de temps apres son reveil, un domestique vint apporter a Blaise la
lettre suivante, en demandant la reponse:
"Ton dernier ennemi est vaincu, mon cher Blaise: la noblesse de tes
procedes, la vertu que tu as deployee dans les evenements recents, que
j'ai provoques et que je regrette, ont entierement change l'opinion
que je m'etais formee de toi. Au lieu de te qualifier d'intrigant, de
mechant, de voleur et de menteur, je te vois tel que tu es, pieux,
bon, patient, genereux, desinteresse et devoue. Tu as deja recu les
excuses de mon mari et de mon fils; recois encore les miennes, et
pardonne-moi la peine que je t'ai causee et que je me reproche
vivement. Ecris-moi si ma visite te ferait plaisir; je serais peinee
d'ajouter une contrariete a toutes celles que je t'ai causees. Je
t'embrasse, mon pauvre enfant, et je te benis des soins que tu as
donnes a Jules pendant sa
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