ueux.
"Votre tout devoue et tres humble serviteur,
"BLAISE ANFRY."
"P.-S.--Je n'ai parle de la lettre ni a papa ni a maman, parce qu'ils
pourraient desapprouver Mlle Helene de l'avoir ecrite, et j'aurais du
chagrin de l'entendre blamer."
Le coeur du comte battit avec violence a la lecture de cette lettre;
l'admiration, la tendresse se melaient a l'irritation que lui causait
l'epreuve cruelle que la comtesse avait infligee au pauvre Blaise: les
larmes de cet enfant lui retombaient sur le coeur, il souffrait pour
lui et avec lui. Quoiqu'il fut presse d'aller le consoler et le
rassurer, il voulut, avant de sortir, faire lire a Helene et a Jules
la noble et belle reponse de leur ami.
"J'en etais sur! s'ecria Jules triomphant. Ne doutez jamais de Blaise,
papa, et ne craignez pour lui aucune epreuve; il en sortira toujours
avec honneur et gloire.
--Excellent Blaise, dit Helene, quel chagrin de ne pas le voir!
--Esperons que votre maman finira par etre touchee de tant de vertu
et de qualites attachantes, dit le comte. Qui sait quel effet pourra
produire la premiere communion de Jules!"
En sortant de chez ses enfants, le comte alla chez sa femme.
"Tenez, dit-il en lui tendant la lettre de Blaise, voyez quels sont
les sentiments de cet admirable enfant."
La comtesse prit la lettre, la lut, puis la relut: le comte
l'examinait pendant cette lecture et vit avec bonheur une emotion
sensible animer le visage de la comtesse, puis une larme couler le
long de sa joue et venir se meler aux traces des larmes du pauvre
Blaise.
Le comte se pencha vers elle et posa ses levres sur l'oeil qui avait
laisse echapper cette larme.
"Pauvre garcon! dit la comtesse en se laissant aller a son emotion;
pauvre garcon! Comme j'ai ete injuste envers lui!
LE COMTE
Vous avez fait comme moi, ma chere Julie; nous avons tous ete mechants
pour lui a l'exception d'Helene, qui a toujours pris sa defense et qui
a su demeler la verite au milieu de toutes les calomnies qui l'ont
dechire. A notre tour, maintenant, de reparer le mal que vous avez
fait.
LA COMTESSE
Comment faire, mon ami? Comment revenir sur ce que j'ai tant dit et
redit?
LE COMTE
Il est toujours facile de reconnaitre un tort ou une erreur, Julie. Il
n'y a de difficile que le premier moment.
LA COMTESSE
Laissez-moi quelques jours encore, mon ami; donnez-moi le temps de
reflechir, de me decider.
LE COMTE
Prenez tout le temps que vous voudrez, chere
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