r la verite, pour la bonte, pour
la reunion de toutes les vertus. Je desire que dans tout le pays on
sache l'aveu que m'arrache le repentir; qu'on dise a tous que je suis
aussi vil, aussi meprisable que tu es, toi, honorable et admirable. Je
veux que tous sachent qu'ici, devant papa, maman, devant toutes les
personnes de la maison que j'ai tant et si souvent offensees par mes
exigences, mes insolences, mes mechancetes, je demande pardon a genoux
de toute ma vie passee. Je veux qu'on sache que c'est a Blaise que je
dois ma conversion; sa vertu m'a touche, ses conseils ont excite mon
repentir, son exemple m'a donne l'horreur de moi-meme."
Jules s'etait effectivement mis a genoux en prononcant ces dernieres
phrases: Blaise se precipita vers lui pour le relever; Jules se jeta
dans ses bras et l'embrassa a plusieurs reprises: tous les domestiques
pleuraient, et le comte, qui s'etait contenu jusque-la, ne put
comprimer plus longtemps son emotion; il s'approcha de Jules et de
Blaise, les prit tous deux dans ses bras:
"Mon noble Jules! disait-il a travers ses sanglots, quel courage! Le
bon Dieu te recompensera! cher enfant!--Bon Blaise, c'est a toi que je
dois cette douce joie!"
Les domestiques demanderent la permission de serrer la main de leur
jeune maitre. Jules courut a eux et leur prit les mains a tous avec
effusion. Il etait heureux, il se sentait le coeur leger.
Sa mere n'avait encore rien dit. Aux premieres paroles de Jules,
elle s'etait sentie courroucee contre ce qu'elle trouvait etre une
humiliation ridicule. A mesure qu'il parlait, la noblesse de l'action
de son fils, l'accent sincere de ses paroles la toucherent, mais sans
la disposer a approuver cet aveu public de ses fautes. Elle en voulait
au pauvre Blaise, cause bien innocente de cette confession, et
lorsqu'elle le vit dans les bras de Jules et puis du comte, le
mecontentement reprit le dessus et elle resta froide et immobile,
retenant Helene, qui avait voulu se precipiter dans les bras de son
frere et qui pleurait a chaudes larmes.
Les domestiques sortirent en jetant a Jules des regards d'affectueuse
admiration, ils ne parlerent pas d'autre chose toute la soiree;
plusieurs d'entre eux furent assez profondement touches pour changer
completement de vie et pour devenir d'honnetes et fideles serviteurs.
Quand le comte et Jules resterent en famille avec Blaise, que Jules
avait retenu, Helene s'elanca vers son frere, qu'elle embrassa avec
effusion, puis
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