es et si bonnes! mes
compagnes etaient si bonnes aussi! J'etais heureuse la-bas.
LE COMTE
Et ici?
HELENE
Ici?... je ne sais pas encore, papa; cela dependra de vous et de
Jules.
LE COMTE
Ma pauvre enfant; tout ce que je pourrai faire pour ton bonheur sera
fait; tu dois voir le changement qui s'est opere en moi. Ma vieille
humeur, mon ancienne severite, ma constante froideur ont disparu. Tu
n'auras plus peur de moi, je pense?
--Oh non! non, papa, dit Helene en se jetant dans ses bras; je vous
aimerai de tout mon coeur et je vous le dirai sans crainte.
JULES
Ce sera tout comme Blaise, qui embrasse papa a present comme s'il
etait son vrai pere.
--Blaise embrasse papa? dit Helene en riant. Oh! que c'est drole! Je
voudrais voir cela.
LE COMTE
Tu le verras demain, si tu veux venir avec nous chez Anfry.
HELENE
Mais quel changement, mon Dieu! Jamais je n'aurais cru possible que
Blaise osat embrasser papa!
JULES
Tu le comprendras, Helene, quand je t'aurai raconte ce que nous devons
a Blaise et quelles sont ses admirables vertus; pour moi il a ete un
veritable ami.
LE COMTE
A demain le reste de la conversation, mes chers enfants. Tu dois etre
fatiguee du voyage, mon Helene, et toi, mon ami, de toute ta soiree.
JULES
Oui, papa, je me sens fatigue; je ne serai pas fache de me coucher.
HELENE
Et moi aussi, je retrouverai mon lit avec plaisir. Bonsoir, mon cher
papa, bonne nuit et a demain.
LE COMTE
A demain, ma fille! que le bon Dieu te benisse! Adieu, Jules; adieu
Helene."
Puis on se dit bonsoir et l'on se separa.
Quand Jules fut seul avec son pere, il alla a lui, l'enlaca tendrement
dans ses bras et lui dit:
"Papa, prions ensemble pour maman; demandons au bon Dieu qu'il la
change comme il nous a changes... Je puis bien vous dire cela, papa,
n'est-il pas vrai? Avec vous je pense tout haut, et je ne puis
m'empecher de trouver que c'est un grand malheur pour maman que d'etre
comme elle a ete ce soir."
Le comte ne repondit pas, mais les larmes qui roulerent dans ses yeux
firent voir a Jules que son pere pensait comme lui.
"Prions", dit seulement le comte; et il se mit a genoux pres de son
fils.
Pendant qu'ils priaient tous deux, la comtesse, un peu inquiete de
ne pas avoir vu son mari depuis le mecontentement qu'il lui avait
temoigne, et l'ayant inutilement cherche dans sa chambre et dans celle
d'Helene, entra chez Jules et resta immobile a la vue de son mari
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