n criant qu'il n'y a plus de danger!
Qu'est-ce que tout cela veut dire?
--Monsieur le comte, dit Blaise un peu embarrasse, les enfants ont eu
peur de vous deranger, et..., et...
LE COMTE, _avec colere et ironie_
Et c'est pour ne pas me deranger qu'ils ont voulu m'assommer?
BLAISE
Non pas, Monsieur le comte; ils ont seulement voulu defendre leur
petit frere.
LE COMTE
Defendre contre qui? Est-ce que je lui faisais du mal? Ce petit
imbecile criait sans savoir pourquoi.
BLAISE
Monsieur le comte, c'est que le petit est bien jeune, et...
LE COMTE
Mais les autres sont assez grands pour savoir qu'on ne se lance pas
contre un homme a coups de fourche, surtout quand cet homme est le
maitre de la maison. Mais ou est la mere? Amene-la-moi avec ses
enfants."
Blaise, enchante d'etre debarrasse d'une conversation aussi peu
agreable, courut a la recherche de la fermiere, qu'il trouva blottie
dans un coin de la grange, entouree des enfants, qui osaient a peine
respirer.
BLAISE
Madame Francois, M. le comte vous demande, et les enfants aussi.
LA FERMIERE
Jesus! Maria! que va-t-il se passer? que va-t-il dire? que va-t-il
faire? Venez, mes enfants, mes pauvres enfants, il faut bien y aller
puisqu'il l'ordonne."
Les enfants, tremblants et en pleurs, suivirent leur mere en
s'accrochant a son tablier; elle entra dans la salle, trainant ses
enfants, dont la peur redoubla quand ils se trouverent en face du
redoutable comte. Il les attendait debout au milieu de la salle,
les bras croises et tenant une canne a la main. La fermiere salua,
balbutia quelques mots d'excuses, et attendit que le comte parlat.
"Approchez, polissons! dit le comte d'une voix breve; comment
avez-vous ose me menacer de vos fourches?
ROBERT
J'ai cru que vous alliez manger Alcine; c'est alors que nous avons
fonce sur vous pour le degager.
FRANCOIS
Je vous prenais pour un ogre, tant vous aviez l'air sauvage et...
mecontent.
LE COMTE, _a la fermiere_
Vous leur donnez de jolies idees sur mon compte; je vous fais
compliment de votre succes. Vous pouvez dire a votre mari qu'il n'a
pas besoin de se deranger pour venir signer la continuation de son
bail. Je vous renvoie a Noel. Et quant a ces mauvais garnements, je
leur apprendrai a me respecter."
Et degageant sa canne, il leur en donna quelques coups en disant:
"Chacun son tour; voici pour la fourche, voila pour le rateau!"
Les pauvres enfants se sauverent en criant;
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