uta-t-il a haute voix.
BLAISE
Monsieur le comte, me croyez-vous? j'ai besoin de le savoir pour
rester dans votre maison et surtout pres de votre fils.
--Eh bien,... oui!... je te crois, dit M. de Trenilly avec vivacite,
apres un instant d'hesitation. Je te crois, puisque je ne puis faire
autrement, et que malgre moi je t'estime.
--Merci, Monsieur le comte, merci, dit Blaise, les yeux brillants de
bonheur. Que le bon Dieu vous recompense en votre fils de la bonne
parole que vous avez dite! Merci."
Et Blaise sortit pour entrer chez Jules, laissant M. de Trenilly emu
et surpris de l'impression que ce garcon produisait sur lui et de
l'autorite qu'exercait sa parole.
"Comment, te voila, Blaise! s'ecria Jules en le voyant entrer. Je
croyais que tu ne viendrais pas."
BLAISE
Pourquoi donc, Monsieur Jules? N'avais-je pas a reparer ma sottise
d'hier et a vous refaire un autre cerf-volant?
JULES
C'est que tu etais parti en pleurant; je croyais que tu serais fache
de ce que je t'avais dit.
BLAISE
Pas du tout, Monsieur Jules. Il est vrai que j'ai ete..., pas
fache,... mais... contrarie, peine, et que j'ai pleure encore
longtemps apres vous avoir quitte; j'ai pourtant fini par comprendre
que j'etais un orgueilleux et, de plus, un sot, et me voici pret a
vous faire un cerf-volant, que je soignerai de mon mieux...
--Et que tu peindras, interrompit vivement Jules.
--Et que je me garderai bien de peindre, reprit Blaise en souriant. Il
faut convenir que c'etait bien laid ce que j'avais fait, et que vous
avez eu raison de le dechirer.
--Je ne crois pas,... je ne pense pas,... dit Jules en balbutiant,
touche malgre lui de l'humilite et de la bonte de Blaise; on aurait pu
l'arranger, le couvrir, le repeindre.
--Ah bien! ne pensons plus a ce qu'on aurait pu faire du defunt et
commencons le nouveau. Voulez-vous m'aider un peu, Monsieur Jules?
cela ira plus vite.
--Je veux bien", dit Jules avec plus de douceur que d'habitude.
Blaise commenca a ajuster les brins d'osier, pendant que Jules
preparait le papier; il le fit d'assez bonne grace, et avant une heure
le cerf-volant fut termine; il ne restait plus a faire que la queue,
et Jules essaya de barbouiller quelques figures sur le cerf-volant.
Blaise les trouva admirables, malgre leur defaut de couleurs et de
formes. Jules, tres flatte de l'admiration de Blaise, devint de plus
en plus aimable et lui proposa de lancer le cerf-volant sur la pelouse
devant
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