itude.
LE COMTE
Mais, mon pauvre enfant, ce n'est pas un dejeuner cela, apres toutes
les fatigues que tu as eues, toutes les nuits que tu as passees?
--Oh! Monsieur le comte, je me suis bien repose cette nuit; il n'y
parait plus.
--Vous pouvez vous en aller, dit le comte au domestique; si j'ai
besoin de vous, je sonnerai.
--Tu ne veux donc rien accepter de moi, Blaise, de moi qui ait tant
accepte et recu de toi, continua le comte. Prends garde que ce ne soit
encore de l'orgueil, ajouta-t-il en souriant et en passant amicalement
la main sur la tete et sur la joue de Blaise.
--Non, Monsieur le comte, vrai, ce n'est pas de l'orgueil; je
recevrais de vous plus volontiers que de tout autre; cela me ferait
meme plaisir de vous donner cette satisfaction. Car, ajouta-t-il d'un
air pensif, je sais que votre coeur deborde de reconnaissance pour les
soins que j'ai donnes a M. Jules, et que vous ne savez que faire pour
me le temoigner... Attendez... attendez,... je vais vous contenter.
Habillez-moi de neuf pour la premiere communion, dans un mois. Cela me
fera un grand plaisir et a papa aussi, car c'est cher pour des gens
comme nous... Voulez-vous? voulez-vous? reprit-il avec vivacite. Quant
a la volaille, vraiment je n'ai pas faim.
--Bon et brave garcon, dit M. de Trenilly attendri; oui, tu as bien
devine avec ton excellent coeur le besoin que j'eprouve de t'exprimer
ma reconnaissance; je te remercie de me dire si franchement ce qui
te ferait plaisir. Je te ferai faire un habillement complet pareil a
celui de Jules.
BLAISE
Oh non! non, Monsieur le comte, pas pareil, pas si beau! ce ne serait
pas bien, voyez-vous. Le serviteur ne doit pas se vetir comme le
maitre; je serais moi-meme mal a l'aise. Non, laissez-moi faire;
laissez-moi commander mes habits comme si papa devait payer, et puis
c'est vous qui payerez tout. Est-ce convenu?
LE COMTE
Oui, mon ami; ce sera comme tu voudras. Ce que tu dis est sage.
BLAISE
Merci, Monsieur le comte; maintenant, encore une chose;... mais... ne
vous fachez pas si j'en demande trop... Dites seulement: non, Blaise,
tu es trop ambitieux.
LE COMTE
Qu'est-ce donc que tu veux me demander? Voyons,... parle donc! Dis,
mon enfant, dis.
BLAISE
Monsieur le comte,... Monsieur le comte,... permettez-moi de
vous embrasser non pas du bout des levres, mais la... comme je
l'entends,... comme j'embrasse quand j'aime...
--Viens, mon cher enfant, viens", dit le comte en ou
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