es avec tes airs betes.
BLAISE
Qu'a cela ne tienne, Monsieur Jules, il est facile de vous contenter;
bien le bonsoir, Monsieur Jules; cette fois c'est pour ne plus
revenir, puisque je ne vous suis point utile.
--Va-t'en, je ne veux plus de toi, ni rien qui vienne de toi", dit
Jules en mettant en pieces le cerf-volant et le jetant a la tete de
Blaise.
Puis, se laissant aller a sa colere, il se roula sur son canape en
criant et en injuriant Blaise. M. de Trenilly entra precipitamment
dans la chambre de Jules et fut effraye de le voir dans cet etat,
qu'il prenait pour du chagrin. Il vit le candelabre brise et les
debris du cerf-volant, que Blaise cherchait a rassembler, mais il ne
fut occupe que de Jules et lui demanda avec inquietude ce qu'il avait.
Jules fut quelques instants sans repondre; il balbutia enfin:
"C'est Blaise; c'est la faute de Blaise.
--Encore! dit M. de Trenilly avec severite. Qu'est-il arrive? Parle,
Blaise."
Au moment ou Blaise ouvrait la bouche pour repondre, Jules s'empressa
de prendre la parole:
"C'est Blaise qui a voulu faire voir son habilete: il a fait une si
longue queue au cerf-volant qu'elle a accroche le candelabre, qui
s'est casse. Et voila a present qu'il se fache, qu'il ne veut pas
arranger mon cerf-volant; il dit qu'il veut s'en aller et qu'il ne
reviendra plus jamais, parce que je suis un mechant, un insupportable.
Il m'a abime hier mes couleurs et un cerf-volant; aujourd'hui il casse
tout, puis il se fache encore!
LE COMTE
Blaise, ce que tu fais est tres mal; si tu recommences, je te ferai
fouetter par mes gens.
BLAISE
Je n'ai rien fait de ce que dit M. Jules, Monsieur le comte; je ne
crois meriter aucune punition. Et quant a me faire fouetter par vos
gens, ils n'ont pas le droit de me frapper et je ne me laisserai pas
faire.
LE COMTE
C'est ce que nous verrons, petit drole.
JULES
Non, papa, non, pardonnez-lui encore cette fois, je vous en supplie;
une autre fois, s'il recommence, je le laisserai fouetter; mais,
aujourd'hui je ne veux pas.
LE COMTE
Comme tu voudras, mon ami; c'est en ta faveur que je lui pardonne son
insolence, et j'aime a croire qu'il ne recommencera pas.
--Monsieur Jules, dit Blaise en se retirant, je vous pardonne de tout
mon coeur, et a vous aussi, Monsieur le comte, tout-puissant que vous
etes et tout petit que je suis. Si jamais vous venez a savoir la
verite, dites-vous bien tous les deux que je vous ai pardonnes,
s
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