ui montra les oeufs et les mit dans un
panier a couver; la poule sauta dans le panier, etendit ses ailes et
commenca sa besogne de la meilleure grace du monde.
Helene etait enchantee et remercia Mme Anfry.
"Combien de jours faut-il pour faire eclore les oeufs? demanda-t-elle.
--Vingt jours au plus, Mademoiselle. Vous viendrez voir sans doute
comment se comporte la couveuse?
--Oui, certainement je viendrai tous les jours lui apporter de l'orge
et de l'avoine. A demain, Madame Anfry; bien des amities a Blaise."
Helene retourna tous les jours chez Mme Anfry savoir des nouvelles
de ses oeufs; elle avait soin d'apporter chaque fois un panier plein
d'orge et d'avoine. Elle avait prie sa mere de ne parler de rien
a Jules, pour lui faire une surprise, dit-elle; mais sa veritable
raison, c'est qu'elle avait peur que Jules ne lui jouat quelque
mauvais tour, en ecrasant les oeufs ou en empechant la poule de
couver.
Le vingt et unieme jour, Blaise, qui attendait toujours Helene a la
porte, lui annonca que deux poulets etaient eclos. Helene courut a la
cabane ou couvait la poule, elle lui jeta un peu d'orge pour lui faire
quitter son panier, et vit avec grande joie les deux petits poussins
venir manger les grains d'orge que la poule leur ecrasait avec son bec
avant de les leur laisser manger.
Les poussins etaient fort jolis; ils etaient noirs, avec une huppe
noire et blanche.
"Demain, Mademoiselle, les deux autres ecloront bien sur, dit Blaise.
HELENE
Et quand ils seront tous eclos, est-ce que je ne pourrai pas les
emporter chez moi?
BLAISE
Non, Mademoiselle; il faut les laisser avec leur mere jusqu'a ce
qu'ils soient assez grands pour se passer d'elle.
HELENE
Combien de temps faudra-t-il attendre?
BLAISE
Quinze jours ou trois semaines pour le moins, Mademoiselle.
HELENE
C'est bien long! Mais j'aime mieux les laisser ici, parce qu'a la
maison..."
Helene n'acheva pas.
BLAISE
Est-ce que vous n'avez pas, un endroit ou vous puissiez les loger pour
la nuit, Mademoiselle?
HELENE
Oh! si fait; la place ne manque pas; mais je craindrais que Jules..."
Helene s'arreta encore; Blaise la regarda et, devinant sa pensee, ne
la questionna plus; il lui dit seulement: "Ils seront mieux ici que
partout ailleurs, Mademoiselle; nous les soignerons de notre mieux,
maman et moi, pour vous etre agreables, car nous ne pourrons jamais
oublier que vous seule avez toujours cru a mes paroles et a mon
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