i qui recoive des injures, parce que
son Blaise a menti?
--Que veux-tu que j'y fasse, mon ami? Tu sais que je ne me mele pas
de l'education de ta soeur; va te plaindre a ta mere, si tu veux, et
laisse-moi finir un travail tres serieux qui doit etre termine cette
semaine. Va, Jules, va, mon garcon."
Jules sortit a moitie content: il avait espere faire gronder sa soeur,
et il n'avait pas reussi. Il ne voulait pas aller se plaindre a sa
mere; elle n'etait pas toujours disposee a le croire et a l'approuver,
comme M. de Trenilly, qui etait aveugle par sa tendresse pour son
fils. Quant a Helene, il n'avait aucune crainte qu'elle le denoncat,
parce qu'il la savait trop bonne pour le faire gronder. Il resolut
donc de se taire et de ne plus parler des poulets, ni de Blaise, ni
d'Helene.
Le lendemain, apres le dejeuner, Helene demanda a sa mere la
permission d'enterrer les poulets et de faire venir Blaise pour
l'aider. Mme de Trenilly y consentit, a la condition que Blaise ne
mettrait pas les pieds au chateau ni dans le jardin de Jules. Helene
le promit et ajouta en souriant que la defense serait probablement
tres bien recue, car le pauvre Blaise ne devait avoir nulle envie de
se retrouver avec Jules. Elle rencontra Blaise au milieu de l'avenue;
il venait chercher les poulets pour leur preparer une fosse.
"Tu viens m'aider a enterrer mes poulets, n'est-ce pas, mon cher
Blaise? Ne passons pas devant le chateau, pour que Jules ne te voie
pas et ne vienne pas nous rejoindre.
--Je n'ai nulle envie de le voir, Mademoiselle, je vous assure bien.
Il me demanderait de venir avec lui que je refuserais, car, je suis
fache de vous le dire, Mademoiselle, puisqu'il est votre frere, mais
je n'ai jamais rencontre de garcon aussi mechant pour moi que l'est M.
Jules... Mais nous voici arrives; allons prendre nos pauvres morts."
Blaise tourna la clef, poussa la porte et fit un cri de surprise que
repeta immediatement Helene, entree avec lui. Les poulets qu'on avait
cru morts etaient vivants, bien vivants, sautant sur leur tonneau de
cendre, et ouvrant le bec pour demander a manger.
"C'est la cendre! s'ecria Blaise. Le medecin avait raison.
--C'est evidemment la cendre, repeta Helene. Quel bonheur de revoir
mes pauvres poulets vivants, et quelle bonne idee tu as eue, mon bon
Blaise! Sans ton bon conseil, je les aurais perdus, car je les aurais
enterres de suite. Va vite leur chercher a manger. Je vais pendant ce
temps les porter a
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