voulais pas venir en
journee chez lui pour toutes sortes de travaux. Je suis grand garcon
maintenant; je puis bien travailler comme un autre.
--Fais comme tu voudras, mon pauvre Blaise; voici le domestique que
j'apercois enfilant l'avenue; bien sur, c'est encore pour toi."
Blaise sauta de dessus de sa chaise et sortit par une porte de
derriere pour ne pas etre vu du domestique. Il courut a toutes jambes
a la ferme et demanda de l'ouvrage; on lui donna des vaches a mener
a l'herbe et a garder jusqu'au soir. Le domestique arriva chez Anfry
cinq minutes apres que Blaise en etait parti.
"Eh, bien, ou est donc votre garcon? dit-il en regardant de tous
cotes. N'est-il pas encore revenu diner? M. le comte l'envoie
chercher.
--Blaise est venu diner, et il est reparti pour aller travailler a la
ferme, ou il est retenu pour l'ete, dit Anfry d'un air satisfait et
legerement moqueur.
LE DOMESTIQUE
Pourquoi l'avez-vous laisse partir, puisque je vous avais prevenu que
M. le comte le demandait?
ANFRY
Il est d'age a travailler, et il faut qu'il s'habitue a gagner sa vie.
Je n'ai pas de quoi le garder a faineanter comme les enfants de M. le
comte.
LE DOMESTIQUE
Eh bien, M. le comte sera content! il va me donner un galop, et vous
en aurez les eclaboussures bien certainement.
ANFRY
A la volonte de Dieu! Je ne crains pas les gronderies quand je ne les
merite pas."
Le domestique s'en retourna encore une fois en grommelant, et Anfry
alla a son jardin; tout en bechant, il souriait en se disant:
"Blaisot a eu une bonne idee tout de meme! C'est qu'il n'est pas bete,
ce garcon!"
Mais M. de Trenilly ne se decourageait pas si facilement; il voyait
bien que Blaise ne venait pas parce qu'il ne s'en souciait pas, et
que le travail a la ferme n'etait qu'un pretexte. Cette resistance
l'irritait sans le surprendre. D'apres ce que lui avait raconte Helene
pour la justification du pauvre Blaise, il avait concu de l'estime
pour lui, et il commencait a croire que Jules avait pu etre trompe par
les apparences et s'etre mepris sur les intentions de Blaise. Jules,
de son cote, qui ne pouvait s'empecher de reconnaitre la bonte et la
complaisance de Blaise, parlait souvent du desir qu'il avait de le
revoir et de l'avoir pour compagnon de jeux. M. de Trenilly admirait
la generosite de son fils, qui oubliait les mefaits de Blaise, et il
se promettait de satisfaire son desir des qu'ils seraient de retour a
la campagne. La mala
|