nnocence, quand tout le monde m'accusait et me croyait coupable. Je
n'oublierai pas votre bonte, Mademoiselle.
HELENE
Ce n'est pas de la bonte, mon pauvre Blaise, ce n'est que de la
justice. J'aurais voulu que tout le monde pensat comme moi a ton
egard, et ce m'est un grand regret de penser que c'est mon frere qui a
donne mauvaise opinion de toi.
BLAISE
Mais vous ne partagez pas cette mauvaise opinion, Mademoiselle?
HELENE
Moi, je crois que tu es le plus honnete, le meilleur, le plus
obligeant et aimable garcon qu'il soit possible de voir, et je crois
que Jules t'a indignement calomnie."
Un eclair de joie et de reconnaissance brilla dans les yeux de Blaise.
BLAISE
Merci, ma bonne et chere demoiselle. Le bon Dieu me recompense de
n'avoir pas murmure contre le mal qu'il a permis. Je le prie tous les
jours de vous benir et de rendre M. Jules semblable a vous.
HELENE
Comment, mon pauvre Blaise, tu as la generosite de prier pour Jules,
qui est la cause de tout le mal qu'on dit et qu'on pense de toi!
BLAISE
Certainement, Mademoiselle; je n'ai pas de rancune contre lui; il
fait ce qu'il fait parce qu'il n'y pense pas. S'il savait combien il
offense le bon Dieu, il ne le ferait sans doute pas, et c'est pourquoi
je prie le bon Dieu de lui faire voir clair dans son ame.
HELENE
Excellent Blaise! Je dirai a papa et a maman tout ce que tu viens de
me dire; ils ne pourront pas douter de ta sincerite.
BLAISE
Comme vous voudrez, Mademoiselle, mais cela ne me fait pas grand'chose
a present. Depuis que je vais au catechisme pour ma premiere communion
l'an prochain, je sais que Notre-Seigneur a souffert des mechants, et
cela me console de souffrir un peu."
Helene tendit la main a Blaise, qui la remercia encore avec
reconnaissance et affection; elle retourna lentement a la maison. En
rentrant, elle raconta a son pere et a sa mere ce que Blaise lui avait
dit, et elle fit part de son impression a l'egard de Blaise.
"Je n'ai jamais vu, dit-elle, un plus excellent garcon, et je serais
bien heureuse de vous voir changer d'opinion et de sentiments a son
egard.
--Il faudrait pour cela, ma chere Helene, dit M. de Trenilly avec
froideur, que nous pensassions bien mal de ton frere, qui dit juste
le contraire de Blaise, et qui serait d'apres toi un menteur, un
calomniateur, un mechant. J'aime mieux avoir cette mauvaise opinion de
Blaise que de mon fils.
HELENE, _avec feu_
Cela depend de quel cote
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