l courut dans un massif, pres d'une mare, pour
examiner ce que contenait le panier. Quelle ne fut pas sa surprise en
voyant les poulets qui y etaient renfermes!"
"Ce voleur de Blaise, s'ecria-t-il, voila pourquoi il ne voulait
pas me laisser voir ce qu'il emportait dans son panier. Ce sont des
poulets qu'il a voles dans notre basse-cour, et qu'il portait a son
voleur de pere pour les manger ensemble. Ah! tu crois que tu mangeras
mes poulets, mauvais garcon! Tiens, viens chercher ton dejeuner."
En disant ces mots, le mechant Jules tira les poulets du panier les
uns apres les autres et les jeta dans la mare. Les pauvres betes se
debattirent quelques instants, puis resterent immobiles, les ailes
etendues, flottant sur l'eau.
Jules fut enchante de son succes et retourna tranquillement a la
maison. Il entra chez son pere.
"Papa, dit-il, vous devriez defendre a Blaise de mettre les pieds dans
notre basse-cour; je viens de le surprendre emportant, bien caches
dans un panier, quatre poulets qu'il venait de voler dans notre
poulailler.
M. DE TRENILLY Tu ne sais pas ce que tu dis, mon ami, je n'ai ni
poulets ni poulailler.
JULES
C'est de la ferme, alors, car je les ai vus, et je les lui ai
arraches.
M. DE TRENILLY
Qu'en as-tu fait?"
Jules ne s'attendait pas a cette question; il devint rouge et
embarrasse, car il ne voulait pas avouer qu'il avait noye les pauvres
betes.
"Pourquoi ne reponds-tu pas? dit M. de Trenilly en l'examinant avec
surprise. Est-ce que tu les a rendus a Blaise, par hasard?
--Oui, papa, balbutia Jules.
M. DE TRENILLY
Tu as eu tort, mon ami; tu devais lui faire avouer d'ou il tenait ces
poulets, et les apporter a la fermiere, s'ils sont a elle. Et Blaise
les a-t-il emportes?"
Jules commencait a craindre qu'on ne trouvat les poulets dans l'eau;
il voulut en rejeter la faute sur Blaise et dit:
"Non papa, il..., il... les a jetes dans la mare.
M. DE TRENILLY
Mais la tete lui tourne, a ce mauvais garnement; ou est-il?
JULES
Je ne sais pas; je crois qu'il est alle a l'ecole."
Jules savait bien que Blaise n'allait plus a l'ecole, mais il croyait
empecher par la son pere de questionner lui-meme Blaise et Anfry.
Pendant ce temps le pauvre Blaise, aveugle par le sable, ne pouvait
quitter la place ou il etait tombe; et a force pourtant de frotter
ses yeux, que le sable faisait pleurer, il parvint a les tenir
entr'ouverts, et il put se diriger vers le puits; il tira un
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