ramassees lorsqu'elles venaient d'etre brisees et pietinees par M.
Jules, et il me les a apportees pour les mettre en bon etat et
les rendre a votre jardinier avant que vous vous soyez apercu de
l'accident arrive a ces fleurs. Voila toute la verite, Monsieur le
comte; et si vous voulez vous donner la peine d'examiner les tiges,
vous verrez encore la place des brisures."
M. de Trenilly etait fort embarrasse de son accusation precipitee;
il entrevit quelque chose de defavorable a Jules, et, ne voulant pas
approfondir davantage l'affaire, il tourna le dos sans parler, et s'en
alla aussi vite qu'il etait venu.
"Merci, papa, de m'avoir bien defendu, dit Blaise; sans vous il
m'aurait battu avec sa canne.
--S'il t'avait touche, j'aurais a l'heure meme quitte son service,
repondit Anfry, et je ne dis pas que j'y resterai longtemps; le
fils te joue de mauvais tours toutes les fois qu'il te demande pour
s'amuser avec toi, et le pere...; enfin je ne ferai pas de vieux os
ici."
Cette fois, Blaise se promit de n'accepter aucune invitation de Jules.
IX
LES POULETS
"Maman, dit un jour Helene, j'ai trouve dans un buisson quatre oeufs
de poule; la fermiere dit que ce sont les poules Creve-Coeur qui
perdent leurs oeufs; j'ai envie d'en faire une omelette que nous
mangerons ce soir, Jules et moi.
--Au lieu de manger des oeufs qui ne sont probablement pas frais, tu
ferais mieux, Helene, de les faire couver, repondit Mme de Trenilly.
--C'est vrai, maman, je n'y pensais pas. Je vais vite les porter a la
ferme pour les faire couver."
Helene courut porter ses oeufs a la ferme, mais elle fut desappointee
en apprenant par la fermiere que dans le moment il n'y avait pas une
poule qui voulut couver.
"Mais, ajouta la fermiere, vous pouvez porter vos oeufs chez Anfry,
Mademoiselle; il a une excellente couveuse qui vous fera bien eclore
vos oeufs; on n'a qu'a les lui faire voir, elle se mettra a couver
sur-le-champ."
Helene remercia et courut chez Anfry.
"Ma bonne Madame Anfry, je vous apporte quatre oeufs, que je vous prie
de vouloir bien faire couver a votre poule. J'espere que cela ne vous
derangera pas.
--Pour cela, non, Mademoiselle. Justement ma poule demande depuis ce
matin a couver, et je n'ai pas d'oeufs a lui donner. Si vous voulez
venir, Mademoiselle, nous allons tout de suite la faire commencer."
Helene suivit, en la remerciant de son obligeance. La poule accourut a
l'appel de sa maitresse, qui l
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