r, et m'a fait aller au cimetiere.
LA COMTESSE
Au cimetiere! Pour quoi faire? et qu'as-tu donc a ton habit? Le dos
est plein de poussiere, comme si tu t'etais roule par terre. Serais-tu
tombe? T'es-tu fait mal?
JULES
C'est Blaise qui m'a fait tomber en tuant un superbe chat blanc.
LA COMTESSE
Pourquoi a-t-il tue ce chat? Comment t'a-t-il fait tomber en le tuant?
Il est donc mechant, ce Blaise?
JULES
Oui, maman, il est tres mechant et il ment souvent ou plutot toujours.
--Maman, reprit Helene avec indignation, Blaise est tres bon et ne
ment pas. C'est Jules qui ment et qui est mechant. Blaise m'a dit que
Jules avait voulu absolument le suivre a la promenade, et il a tue ce
chat parce qu'ils l'ont pris pour un fantome: mais il ne voulait pas
le tuer, et il en est tres fache.
LA COMTESSE
Blaise peut mentir aussi bien que Jules. Pourquoi excuser un etranger
pour accuser ton frere?
HELENE
Parce que je connais Jules, maman, et je sais qu'il ment souvent.
LA COMTESSE
Helene, toi qui pretends etre pieuse, sois plus charitable et plus
indulgente pour ton frere. Montons au salon; je tacherai demain de
savoir quel est le menteur, et je promets qu'il sera puni comme il le
merite."
Jules eut mieux aime que sa mere ne parlat plus de cette affaire; mais
Helene, qui avait pitie du pauvre Blaise calomnie, fut au contraire
satisfaite de la promesse de sa mere. En allant se coucher, elle
reprocha a Jules sa mechante conduite; il repondit, comme a son
ordinaire, par des injures et des coups de pied.
Le lendemain, la comtesse alla seule chez Anfry; elle fit venir
Blaise, qu'elle questionna beaucoup, et elle acquit la certitude de
l'innocence de Blaise et de la mechancete de Jules; mais la crainte de
rabaisser son fils en donnant raison a un petit paysan l'empecha de
punir Jules comme il le meritait.
V
UN MALHEUR
Un jour, Blaise bechait et arrosait le jardin d'Helene, lorsqu'ils
entendirent des cris percants qui provenaient d'une maison placee de
l'autre cote du chemin, et habitee par une pauvre femme et ses cinq
enfants. Blaise jeta sa beche et courut vers la maison d'ou partaient
les cris; Helene l'avait suivi; ils arriverent au moment ou la pauvre
femme retirait d'une mare pleine d'eau son petit garcon de deux ans,
qu'elle avait laisse jouer dans un verger au milieu duquel etait la
maison. Dans un coin du verger elle avait creuse une petite mare pour
y laver le linge de son plus jeun
|