ue je vous apporte; des
fleurs a remettre en etat, si c'est possible.
--Les belles fleurs, dit Anfry en les examinant dans la brouette. Mais
que leur est-il arrive? comme les voila brisees et abimees!
--C'est pour cela, papa, que je vous les apporte; c'est encore un tour
de M. Jules, que je voudrais dejouer."
Et Blaise raconta a son pere ce qui s'etait passe.
"Je crois, mon garcon, dit Anfry, que tu as eu tort d'emporter les
fleurs; il eut mieux valu les laisser pourrir la-bas.
--Papa, c'est que, d'apres ce que m'avait dit M. Jules, je craignais
que le pauvre jardinier ne fut gronde. M. de Trenilly ne regarde pas
souvent ses fleurs; si, dans deux ou trois jours, nous pouvons les
mettre en bon etat et les reporter au jardinier, tout serait bien, et
le jardinier ne serait pas gronde.
--Je veux bien, mon garcon, mais j'ai idee que cette affaire tournera
mal pour nous. Enfin le bon Dieu est la. Il faut faire pour le mieux
et laisser aller les choses."
Anfry et Blaise preparerent des trous profonds dans le meilleur
terrain de leur jardin; ils y placerent les fleurs avec precaution,
apres avoir enveloppe les tiges brisees de bouse de vache. Anfry les
arrosa et en laissa ensuite le soin a Blaise.
Au bout de trois jours, les fleurs avaient parfaitement repris, et
Blaise resolut de les porter au jardinier dans la soiree.
Ce meme jour, M. de Trenilly alla visiter son jardin de fleurs,
accompagne du jardinier.
LE COMTE
Ou donc avez-vous mis les dernieres fleurs que j'avais fait venir de
Paris? Je ne les vois nulle part.
LE JARDINIER
Elles n'y sont pas, Monsieur le comte; je les ai donnees a M. Jules
pour son jardin.
LE COMTE
Pourquoi les avez-vous donnees? Et comment vous etes-vous permis de
donner a un enfant des fleurs fort rares et que je fais venir a grands
frais?
LE JARDINIER
Monsieur le comte, j'avais peur de facher M. Jules, qui m'a envoye
deux fois Blaise pour demander de jolies fleurs.
LE COMTE
C'est une tres mauvaise excuse! Que cela ne recommence pas! Quand
j'achete des fleurs, j'entends qu'elles soient pour moi seul. Allez
les chercher et rapportez-les tout de suite; je vous attends."
Le jardinier partit immediatement et revint tout penaud dire a M. de
Trenilly que les fleurs etaient disparues, qu'il n'y en avait plus
trace. M. de Trenilly, fort mecontent, envoya chercher Jules. Quand il
le vit approcher, il lui demanda avec humeur ce qu'il avait fait des
fleurs que le j
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