sous la fenetre; vous verrez tres bien dans la grange sans courir
aucun danger."
Jules grimpa sur le banc; la fenetre de la grange etait ouverte; il
vit parfaitement l'elephant saisir les boules avec sa trompe et les
porter a sa bouche; de meme pour la soupe; sa trompe lui servait de
cuillere et de fourchette.
Quand il eut fini son repas, il tourna la tete vers Jules et Blaise,
qui restaient a la fenetre, et allongea vers eux sa trompe comme pour
demander quelque chose.
"On croirait, dit Blaise, qu'il demande son dessert; j'ai tout juste
dans ma poche une demi-douzaine de pommes que j'ai ramassees devant
notre porte; je vais voir s'il les aime."
Et Blaise presenta une pomme a la trompe de l'elephant; l'animal la
flaira un moment, la saisit et l'avala; une autre, puis une troisieme
eurent le meme succes; quand toutes les six furent mangees et qu'il
continua a allonger sa trompe pour en demander encore, Jules tira de
sa poche une longue epingle avec laquelle il embrochait les pauvres
papillons et hannetons qu'il attrapait, et piqua fortement le bout de
la trompe de l'elephant. Celui-ci parut irrite; il secoua sa trompe
et sa tete, leva les jambes l'une apres l'autre comme s'il faisait le
mouvement d'ecraser quelque chose; mais il se calma promptement et
allongea encore une fois sa trompe, la dirigeant vers Blaise.
"Je n'ai plus rien, mon pauvre ami, dit Blaise en lui faisant voir ses
deux mains vides et en lui caressant la trompe.
--Mais moi, j'ai encore quelque chose pour toi, mon cher, s'ecria
Jules. Tiens, tiens, tiens."
Et il accompagna chaque tiens d'un fort coup d'epingle sur sa trompe
allongee.
Cette fois l'animal poussa un cri discordant, et regarda autour de lui
comme pour chercher un moyen de se venger. Puis il se retourna vers un
enorme cuvier, plein d'eau qu'on y avait versee pour le faire boire.
"Il boit! il boit! s'ecria Jules. Dieu, quelle quantite d'eau il
avale!"
Quand l'elephant eut presque vide le cuvier, il se retourna vers la
fenetre ou etaient toujours Jules et Blaise; il allongea sa trompe
vers Jules et lui lanca un jet d'eau avec une telle force, que Jules
fut jete de dessus le banc ou il etait monte. La trompe de l'elephant
le poursuivit a terre et continua a l'inonder de telle facon, qu'il ne
pouvait ni crier ni se relever.
Le bon Blaise, effraye des mouvements convulsifs de Jules, et ne
sachant comment faire finir la vengeance de l'elephant, s'elanca vers
le bout de la
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