admirer cet animal et son savoir-faire; deux sous par tete, deux
sous."
L'homme qui parlait ainsi etait entre dans la cour du chateau avec
son elephant, un des plus gros de son espece et, comme le disait son
maitre, un des plus doux. En un instant une douzaine de tetes se
firent voir aux fenetres, entre autres celle de Jules; il accourut
aussitot pour voir l'animal de plus pres; Helene et sa mere le
suivirent bientot, ainsi que tous les domestiques. Quand il y eut dans
la cour assez de monde pour donner une representation du savoir-faire
de l'elephant, le maitre passa une sebile devant toutes les personnes
presentes, et chacun y deposa son offrande. La sebile se trouvant
suffisamment remplie, le maitre fit deployer a l'elephant tous ses
talents. Il lui fit lancer une enorme boule et la recevoir au bout de
sa trompe; il lui fit saluer la compagnie; deboucher une bouteille de
vin, en verser un verre plein, l'avaler sans en repandre une goutte,
en verser un second verre et y tremper une tranche de pain qu'il avala
comme une pilule; il lui fit casser des noix avec son gros pied de
devant; il lui fit transporter en tas des pierres que deux hommes
pouvaient a peine soulever, et que l'elephant enleva avec la meme
facilite qu'un enfant aurait mise a manier une noix; et il lui fit
executer beaucoup d'autres tours plus ou moins difficiles, qui
excitaient l'admiration de tous les spectateurs.
Quand la representation fut terminee, le maitre s'approcha de M. de
Trenilly et lui demanda la permission de coucher dans une de ses
granges. M. de Trenilly y consentit, a la grande joie des enfants, qui
comptaient bien revoir l'elephant dans son appartement et lui apporter
a manger.
"Que donnez-vous a diner a votre elephant? demanda Jules au maitre.
--Des boulettes de farine et d'oeufs, Monsieur, et un baquet de son
avec des choux et des carottes.
--Ou sont vos boulettes? demanda Jules.
--Je vais les appreter, Monsieur; elles ne sont pas encore faites.
--Blaise, Blaise, allons voir faire les boulettes de l'elephant, et
nous regarderons comment il les mange.
--Je n'ai pas le temps en ce moment, Monsieur; j'ai de l'ouvrage pour
le maitre d'ecole qui m'a commande des modeles d'ecriture pour les
enfants qui commencent.
--Bah! tu les feras plus tard; viens, viens vite!
--Impossible, Monsieur; plus tard je n'aurai pas le temps.
--Papa, papa, dit Jules a M. de Trenilly, dites a Blaise de venir
jouer avec moi; il croit que v
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