et j'irai."
Blaise, ne pouvant empecher Jules de l'accompagner, se decida a le
laisser venir, et ils partirent ensemble, Jules enchante de sortir du
jardin, qui l'ennuyait, et Blaise ennuye d'avoir Jules pour compagnon.
La lune commencait a se lever et a eclairer le sentier. Les fours
etaient tous allumes; Jules eut peur d'abord; mais les explications de
Blaise le rassurerent; il ne se lassait pas de regarder les fours et
les hommes travaillant a entretenir le feu. Ils arriverent ainsi au
moulin. Blaise voulut ouvrir la grille pour traverser la cour, comme
il en avait l'habitude; deux enormes dogues accoururent en aboyant des
qu'il mit la main sur la grille; ils montraient deux rangees de dents
formidables. Jules eut peur; Blaise appela, personne ne repondit;
il passa la main dans les barreaux de la grille pour les flatter et
obtenir passage; les chiens s'elancerent sur la grille et chercherent
a mordre la main, que Blaise retira promptement.
Comment revenir sans passer par le meme chemin? Il y en avait bien un
autre, mais Blaise n'aimait pas a le prendre, parce qu'il longeait le
cimetiere du village; le grand-pere, la grand'mere de Blaise y etaient
enterres, et, quand il passait devant leur tombe, il avait du chagrin.
BLAISE
Il faut que nous revenions sur nos pas, Monsieur Jules; les chiens
gardent le passage; ils nous devoreraient si nous entrions dans la
cour.
JULES
C'est ennuyeux de revenir par le meme chemin; je voudrais passer pres
des fours a chaux.
BLAISE
Il y a bien un moyen, Monsieur Jules, mais vous allez avoir peur.
JULES
Pourquoi? Y a-t-il du danger?
BLAISE
Aucun danger, Monsieur, si vous n'avez pas peur.
JULES
Dis-moi vite; qu'est-ce que c'est?
BLAISE
Ce serait de traverser le cimetiere; nous nous retrouverons sur la
grande route, juste a l'endroit ou commencent les fours.
JULES
Avec toi je n'aurai pas peur; marche en avant.
BLAISE
Marchons un peu lestement pour etre plus tot arrives."
Ils prirent le chemin du cimetiere, situe derriere le moulin. Ils
marchaient et approchaient rapidement. Les yeux fixes sur le mur et
sur la porte du cimetiere, Jules sentait battre son coeur; ses grands
yeux ouverts ne quittaient pas le mur blanc, lorsqu'il s'arreta et
poussa un cri de terreur; sa main s'allongea involontairement vers le
cimetiere et designa l'objet qui le terrifiait.
Blaise regarda Jules avec surprise, suivit la direction de la main,
vit une grande f
|