s tout; tu
as ete dans la main de Dieu l'instrument de ma conversion; c'est le
Seigneur qui t'a envoye vers moi; Dieu te benisse, mon cher enfant!
Dis a mes matelots qu'ils me pardonnent, je leur pardonne aussi, et je
prie pour eux."
Le lendemain, plein du desir de revoir son maitre, Robert se leva a
la pointe du jour; et ayant ouvert la porte, il vit que le capitaine
s'etait leve et s'etait traine au pied de son lit. Il etait a genoux,
et semblait prier, appuye, les mains jointes, contre la paroi du
navire. L'enfant attendit quelque temps en silence; mais enfin il dit
doucement: Maitre!--Point de reponse.--Capitaine! s'ecrie-t-il de
nouveau. Mais toujours meme silence. Il met la main sur son epaule et
le pousse doucement: alors le corps change de position et se penche
peu a peu sur le lit; son ame l'avait quitte depuis quelques heures,
pour aller voir un monde meilleur, ou la grace d'un sincere repentir
accordee a la priere permet d'esperer que Dieu dans sa misericorde a
daigne le recevoir.
* * * * *
2.--UNE NUIT DANS LE DESERT.
C'est du missionnaire lui-meme, rapporte le marquis de Segur, que je
tiens l'histoire suivante, ou l'action de la Providence se montre en
assez belle lumiere. Il nous la raconta devant un nombreux auditoire
d'hommes, particulierement de jeunes gens, qui l'ecoutaient avec une
si religieuse attention, que pendant les pauses de son discours,
on aurait entendu voler une mouche. Par humilite, il parlait a la
troisieme personne comme s'il se fut agi d'un autre. Mais je devinai
bien vite, a son accent, que c'etait son histoire a lui-meme qu'il
nous disait, et quand je me trouvai seul avec lui apres la seance, je
l'obligeai de m'en faire l'aveu. Si je pouvais faire passer dans mon
recit les flammes de sa parole, telles qu'elles sortaient de sa bouche
et de son coeur, elles allumeraient dans les ames cet amour surnaturel
de Dieu et des hommes, qui resume et renferme la loi et les prophetes.
C'etait l'heure qui precede le coucher du soleil. L'ombre du
missionnaire et de son cheval s'allongeait sur le sable endormi.
L'horizon s'empourprait comme aux lueurs d'un immense incendie. La
chaleur etait etouffante. Parfois, a de longs intervalles, une brise
legere venue on ne sait d'ou, passait comme une caresse de Dieu et
apportait au voyageur une sensation delicieuse: alors, il ouvrait
la bouche et aspirait longuement l'air un moment rafraichi. Puis le
souffle
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