ent de larmes. Le cadet
qui de l'endroit ou il etait, l'avait entendu eclater en soupirs,
etait remonte dans son quartier, comble de joie et benissant le
Seigneur. Un moment apres, on vint le demander a la porte; c'etait
son frere qui se jeta a ses genoux, et les arrosa de ses larmes, lui
demandant pardon de tous les sujets de mecontentement qu'il lui avait
donnes et lui promettant de suivre, a l'avenir, aussi bien ses avis
que ses exemples. L'enfant, ravi des dispositions de son frere, se
jeta a son cou, et lui dit tout ce que sa charite put lui suggerer de
plus tendre et de plus affectueux pour l'encourager. Le jeune homme
demeura si ferme dans ses bonnes resolutions, qu'en peu de temps, il
devint, comme son frere, un modele de vertu, et ne se dementit jamais.
* * * * *
4.--UN JEU OU L'ON GAGNE LE CIEL
Dans une petite ville de France vivait un officier retraite, qui etait
un excellent chretien. Personne devant lui ne se serait permis une
parole inconvenante; chacun venait lui demander conseil: l'un le
consultait pour l'achat d'une terre; l'autre, pour l'arrangement
d'un proces; tout le monde, en un mot, l'honorait, le respectait et
l'aimait.
Lui-meme a raconte son histoire, et elle merite d'occuper une des
premieres places dans ce recueil, car elle montre d'une maniere bien
touchante que Dieu se sert des moyens les plus inattendus pour ramener
a lui les pecheurs et que sa misericorde est inepuisable a l'egard des
ames de bonne volonte.
"Je ne date pas d'hier, disait plaisamment notre officier, vous vous
en apercevez facilement a ma moustache et aux quelques cheveux qui me
restent; mais si je suis vieux et casse, j'ai ete jeune et alerte.
J'avais dix-huit ans environ, en 1792, lorsque la grande guerre vint a
eclater; j'etais ardent, j'avais adopte avec enthousiasme toutes les
idees du temps. Je criais avec les autres, et de bon coeur: "Vive la
fraternite ou la mort!" Helas! ce devait etre la mort ou la ruine
pour bien du monde. Aussi, des que j'appris que la France venait de
commencer la lutte contre les etrangers, mon parti fut bientot pris,
je m'engageai.
"Il faut vous dire, avant d'aller plus loin, que, malgre les efforts
de ma pauvre chere mere et de notre cure, je ne croyais guere a Dieu,
et encore moins au diable; je m'amusais tant que je pouvais; je
passais, parmi mes camarades de plaisir, pour un _bon garcon_. A vous
parler franc, j'etais un tres mauvais suje
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