it alors de sa mere et
baisait avec respect ses vetements. Ce desir dura quatre annees tout
entieres. Dire les sacrifices, les efforts que dut faire ce pauvre
enfant pour concilier l'obeissance qu'il devait a son pere avec sa
foi vive, sa preoccupation unique de devenir chretien, d'apprendre a
connaitre, a aimer, a servir Jesus-Christ, serait chose impossible. Ce
fut un long martyre...
A onze ans, Georges assiste a la solennite d'une premiere communion
dans sa paroisse. Il connait Jesus, il aime Jesus, il ne desire que
Jesus!... son petit coeur est tout brulant de soif pour Jesus. Il voit
tous ses compagnons d'enfance, ses amis, s'approcher legitimement de
la table sainte, et lui, il doit se cacher dans un coin obscur de
l'eglise, devorant ses larmes, lancant a tous ces heureux enfants des
regards d'une inconsolable et sainte jalousie!...
Quelques mois apres cette fete de sa paroisse, la mere m'ecrivait
qu'elle ne pouvait resister aux larmes de son fils qui menacait
d'aller demander le bapteme au premier pretre qu'il pourrait attendrir
sur son sort. On pesa murement toutes les difficultes de sa position
vis-a-vis d'un pere cheri, mais pour qui l'heure de la foi en
Jesus-Christ n'avait pas encore sonne et qui s'armait de toute son
autorite pour empecher son fils de devenir chretien.
L'amour de Jesus-Christ fut le plus fort, et il fut decide que je
viendrais en secret a Paris. Il fallait le voir, cet enfant, lorsqu'il
entra dans la chapelle, conduit par sa mere! Celle-ci tremblait d'etre
surprise dans cette pieuse soustraction a la surveillance paternelle.
Avec quelle piete le petit Georges se mettait a genoux, calme,
heureux, fort de sa resolution, le visage rayonnant d'une sainte
allegresse!--Que demandez-vous, mon enfant? lui dis-je alors.--Le
bapteme.--Mais savez-vous bien que demain, peut-etre, on voudra vous
contraindre a entrer dans la synagogue, afin de participer a un culte
aboli?--Ne craignez rien, mon oncle, j'abjure le judaisme.--Mais si
l'on voulait avec menaces vous obliger a fouler aux pieds le Crucifix,
en haine de notre divine religion?--N'ayez pas peur, mon oncle, je
mourrais plutot. Cependant, ajouta-t-il, si on me liait pieds et
mains, et si malgre mes cris, ma protestation et ma resistance, on me
portait dans la synagogue et on placait mes pieds sur le visage du
Crucifix, y aurait-il apostasie, si ma volonte resistait?--Non, mon
enfant, la volonte seule constitue le peche.--Alors, je demande l
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