pant le
front, je vais chercher ma femme et ma fille et nous irons faire un
tour a la campagne...; mais qu'ai-je donc perdu?..."
Mme D*** eut un sourire de bonheur et jeta un regard qui disait merci
a saint Antoine, quand son mari vint lui dire son idee! mais elle
resta muette et se sentit rougir lorsqu'il ajouta: "Dis donc,
est-ce que j'ai perdu quelque chose?--Pourquoi me demandes-tu cela?
repondit-elle.--C'est que j'ai entendu la petite."
La conversation en resta la, mais l'embarras de Mme D*** n'avait pas
echappe a son mari, et souvent encore il se demandait: "Qu'ai-je donc
perdu?"
Le 12 juin au soir, Mme D*** se trouvait encore dans sa chambre avec
sa fille, et l'enfant redisait avec ferveur sa naive priere: "Grand
Saint, faites retrouver a mon pere ce qu'il a perdu!"
"Mais enfin, dis-moi donc ce que j'ai perdu, s'ecria M. D*** en
entrant violemment dans la chambre... Depuis huit jours, je me le
demande... Depuis huit jours, cette pensee m'obsede... Tu fais
toujours prier ta fille pour cela, mais tu ferais bien mieux de me le
dire, car je saurais si cela vaut la peine de fatiguer cette enfant!"
Mme D*** se leva, en regardant son mari avec calme: "Mon ami, lui
dit-elle, serais-tu content de me quitter pour toujours?
--Ah! pour cela non! et si c'est pour cela que tu pries et que tu vas
a l'eglise, tu peux t'abstenir!
--Cependant, mon cher ami, si tu ne retrouves pas ce que tu as perdu,
il faudra nous quitter un jour..., et pour toujours!
--Mais qu'est-ce donc?... Dis, je t'en conjure..., qu'ai-je donc
perdu?
--La foi... la foi de ta mere!... et je ne veux pas te quitter, moi...
Oh! je ne le veux pas... il faut que tu la retrouves!"
Et la pauvre femme pleurait, pendant que, sans ajouter un seul mot, M.
D*** sortait.
"La foi, disait-il, la foi de ma mere... de ma femme et de ma fille!".
Et pendant toute la nuit, Mme D*** qui priait, l'entendait marcher,
s'agiter et repeter souvent: "La foi... la foi de ma mere!"
Le lendemain matin, M. D*** entre sans rien dire, dans la chambre de
sa femme; puis, comme eveille par une idee subite: "Est-ce que vous
avez une fete aujourd'hui?
--Oui, mon ami, la fete de saint Antoine de Padoue.
--Ah! le petit Saint de la cheminee! ... Eh bien! merci, saint
Antoine!"
Et comme Mme D*** le regardait anxieuse... "Oui, oui, ma femme,
s'ecria-t-il en ouvrant les bras, oui, c'est fait, j'ai retrouve ce
que j'avais perdu;--mais nous devons un beau cierge a ton pe
|