t prodigue ou le pere fete le retour
de son fils?--Ne me dites rien, repond-il avec animation, je ne veux
pas changer, vous ne me convertirez pas, vous dis-je; pensez-vous
mieux reussir que ma femme et mes enfants qui m'ont supplie de toutes
les facons? Non, vous ne me changerez pas, je devrais parler a des
pretres, et je deteste les pretres; quand ils arrivent, je m'en vais
d'un autre cote pour ne pas les voir."
"Il ajouta encore beaucoup d'autres choses contre la religion. J'etais
toute tremblante en l'entendant, dit la zelatrice, et je priais
interieurement le Coeur de Jesus. Quand il eut fini, j'allai chercher
un scapulaire du Sacre-Coeur.--Monsieur, lui dis-je, ne voudriez-vous
pas, avant de partir, accepter ceci? j'aimerais a vous le donner;
voyez, l'image est bien belle. Lisez, ajoutai-je, ce qui est ecrit
dessous, ce sont de si bonnes paroles! Il le fait, puis se leve et
tenant le scapulaire des deux mains, il le baise, pleure et dit:
"Coeur de Jesus, je suis un des plus grands pecheurs, oui, un grand
pecheur." Ses larmes coulaient en abondance, l'emotion l'oblige a
s'asseoir.--Un pretre! dit-il, je veux me confesser. Qui etes-vous,
pauvre femme, pour me convertir ainsi? car je suis converti.--C'est
le Coeur de Jesus qui a tout fait, dit la zelatrice, et elle le fait
entrer dans une chambre voisine, pendant qu'elle allait avertir le
vicaire. Celui-ci vint aussitot, s'entretint avec le pauvre pecheur,
puis l'engagea a se rendre a l'eglise pour preparer sa confession.
En y allant, cet homme priait, et des qu'il fut arrive, il alla se
prosterner au pied d'un autel de la sainte Vierge; il pleurait et
disait a haute voix: "Vierge sainte, ayez pitie d'un grand pecheur
qui vous demande sa conversion." Il fit le chemin de la croix, et,
lorsqu'il fut arrive a la douzieme station, il mit les bras en croix
sans s'occuper des personnes presentes, en disant: Jesus-Christ,
je vous demande pardon de mes peches, oui, de tous mes peches. La
contrition debordait de son ame, il etait inonde par la grace. Il
alla a la sacristie, et, quand il en sortit avec le pretre, tous deux
pleuraient. Il ne recut pas ce jour-la l'absolution: on prefera lui
laisser quelques jours pour se preparer. Il passa ce temps dans le
recueillement, vint prendre ses repas chez la zelatrice qui lui
fournit des lectures pieuses pour occuper ses loisirs, car il evitait
meme de travailler pour ne pas se distraire des pensees de foi qui
nourrissaient son ame.
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