je venue a Londres? je n'en sais rien.
Comment ai-je vecu? je n'en sais rien non plus; ce que je sais, c'est
que je voudrais bien etre au fond de la Tamise, car alors je n'aurais
plus ni froid ni faim.
--Mon enfant, dit la marchande, et ce mot, prononce avec une indicible
bonte, fit monter les larmes aux yeux de la pauvre Jane, mon enfant,
voulez-vous que je vous conduise dans une maison ou vous n'aurez plus
ni faim ni froid et ou vous apprendrez a servir le bon Dieu?
--Ni faim ni froid? repeta Jane; ce sera donc le paradis?
--Non, mais le chemin qui y conduit.
La marchande fit entrer dans sa boutique la pauvre fille, lui donna a
souper, la revetit d'une robe neuve; bientot Jane dormait dans un lit
sous ce toit hospitalier ou le Pere celeste l'avait amenee.
Quelque temps apres, une des orphelines de la maison du Bon Pasteur,
de Londres, recevait le bapteme. Sa joie, sa ferveur attendrissaient
l'assemblee; cette heureuse neophyte etait la pauvre Jane, qui avait
pour marraine la bonne marchande, l'instrument des misericordes du
Seigneur.
* * * * *
46.--UN COUP DE FILET DE LA SAINTE VIERGE.
En se rendant a l'une de nos stations thermales, un officier superieur
causait avec un compagnon de voyage:--Si nous nous arretions a
Lourdes? lui dit ce dernier.--Pourquoi donc?--Nous y trouverions le
pelerinage national.--Voila cinquante ans que je n'ai pas mis les
pieds dans une eglise!...--Qu'a cela ne tienne, tout se passe en plein
air.--Alors, c'est different.
Ils s'arreterent a Lourdes; ils virent les ardentes prieres des
pelerins. Elles etonnerent d'abord, subjuguerent ensuite cette ame
droite et loyale: l'officier pria avec les autres, aussi longtemps que
les autres.
--Il fait chaud, lui dit son compagnon; si nous buvions un verre d'eau
de la grotte?--Volontiers; ce pretre-la m'a rendu tout reveur...
Il reva, il pria, il monta jusqu'a la crypte, il en redescendit priant
et heureux.--Si vous voulez aller aux eaux, dit-il a son compagnon,
allez-y; moi, j'ai trouve les miennes.
* * * * *
47.--UNE CONVERSION EN MER.
Le heros de cette histoire a rapporte lui-meme dans la lettre suivante
la grace signalee dont il a ete l'objet.
"Apres avoir failli perir avec mon navire, sur la barre de Bayonne
pendant l'ete dernier, je me rendais de Livourne a Dunkerque et Rouen,
lorsque le 28 decembre, au matin, je fus oblige de mouiller d
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