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ale d'indignation. Mon coeur battait vivement. La colere finit par l'emporter, la sainte colere, et je m'elancai devant Isaac: "Vous etes des laches, m'ecriai-je en lui prenant les mains, et malheur au premier d'entre vous qui touchera a mon _ami!_" J'appuyai a dessein sur ce dernier mot, je regardai les agresseurs d'un regard decide, les poings fermes, le pied en avant: je leur semblai redoutable, malgre ma petite taille; ils se turent, ils s'eloignerent en jetant au vent leurs dernieres insultes, et l'un d'eux declara qu'il fallait mettre les deux juifs a la quarantaine. Ce mot de juif me fit beaucoup rougir, malgre moi. Cependant je me remis de cette soudaine emotion et me penchai vers Isaac. Il s'appuyait sur moi et semblait me sourire, mais je le vis tout a coup chanceler, puis tomber sans connaissance. Tant de douleurs l'avaient brise. Alors j'appelai a mon secours, et comme personne ne venait a mes cris, je rassemblai toutes mes forces, je le pris dans mes bras et parvins a le transporter jusqu'a l'infirmerie. Il y fut pres d'une heure evanoui. Cependant l'affaire s'etait ebruitee. Le superieur arriva et me tendant la main: "Vous etes un digne enfant, me dit-il; je sais tout et je veux desormais que vous me regardiez comme un ami, comme un pere." Il ajouta en me montrant la croix: "Mais voici l'Ami celeste, voici le Pere qui vous recompensera mieux que moi de votre belle action!" Il se retira, en me permettant de rester aupres de mon nouvel ami jusqu'a sa complete guerison. Helas! il ne savait pas que la maladie du pauvre enfant dut etre si longue. Le medecin vit bien tout d'abord que le cas etait grave et fit craindre une fievre cerebrale. En effet, les symptomes en eclaterent des le soir. Quinze jours apres, le pauvre Isaac etait encore a l'infirmerie, mais il etait sauve. J'avais obtenu la permission de le veiller une partie des nuits, et la soeur de charite avait peine a m'arracher de ce chevet auquel il semblait que ma propre vie fut attachee. Ces nuits furent pour mon ame une source delicieuse de jouissances morales. J'y pris une habitude presque monastique, celle de lire en latin l'office meme de l'Eglise, et je n'ai pu depuis detacher mes levres de cette coupe trop meprisee de la liturgie catholique. Oui, je me rappelle ces soirees d'ete, alors que quelques rayons, les derniers du jour, venaient enflammer les vitres de l'infirmerie, et qu'a genoux au pied du lit de mon ami en delire, je suiv
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