de la
commiseration, de la priere, de l'adoration; ses bras s'agiterent
bientot et il les tendit vers Notre-Seigneur; enfin, il ne put
resister a la grace, et un torrent de larmes sortit de ses yeux: "Mon
Roi, mon Maitre, mon Dieu!" Et se tournant vers moi: "Tu ne sais pas
que Jesus et Marie ont veille pres de moi pendant toute ma maladie?
Ils etaient la, je les voyais, je touchais leurs mains, j'entendais
leurs voix. Oh! je veux etre baptise!"
Je l'embrassai en pleurant et lui racontai combien j'avais desire ce
moment. Ce jour-la meme, nous eumes ensemble un entretien sur la foi.
La soeur savait mieux faire le catechisme que moi; l'aumonier vient
l'aider. La convalescence d'Isaac s'ecoula dans ces lecons qu'il
semblait avoir deja recues de Dieu lui-meme, tant il s'elevait
facilement aux plus difficiles de nos mysteres. Il avait meme sur nos
dogmes des lumieres qui etonnaient l'aumonier et dont je profitai.
Cependant le bruit de sa guerison s'etait repandu dans le college. On
avait bien change d'idees sur le compte des "deux juifs," et comme,
apres tout, des coeurs d'enfants ne sont jamais profondement
pervertis, tous nos camarades s'etaient sincerement repentis d'une
mechancete qui avait failli devenir si fatale. Tous les matins, il en
venait a l'infirmerie quelques-uns s'informer avec anxiete de la sante
d'Isaac. Les recreations etaient silencieuses, les visages tristes;
quand on annonca qu'il n'y avait plus aucun danger pour le malade, ce
fut un jour de fete pour tout le monde.
On apprit en meme temps la miraculeuse conversion de notre ami et son
bapteme, qui eut lieu, d'apres sa volonte, le premier jour qu'il
put faire quelques pas. Au sortir de l'eglise, il alla revoir ses
condisciples qui etaient devenus ses freres en Jesus-Christ. Ce fut un
spectacle touchant: tous ces persecuteurs tomberent aux pieds de leur
victime et solliciterent la benediction de celui qui tout a l'heure
encore etait un catechumene et n'avait pas seize ans. Isaac, ou plutot
Paul (car je lui ai, comme parrain, donne ce nouveau nom), Paul les
benit avec ses larmes et voulut tous les embrasser. On sut qu'il etait
pleinement chretien, quand on le vit presser avec plus d'amour dans
ses bras celui-la meme qui l'avait autrefois le plus cruellement
persecute. (_Leon Gautier_.)
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39.--DIEU A SES ELUS PARTOUT.
Une actrice a adresse au P. de Ravignan le recit suivant de sa
conversion, une de
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