lainte, ni meme un soupir dans ce chemin
douloureux dont tout choc etait une angoisse, mais il priait avec
ferveur.
Le voila pres du lit de cet autre mourant. "Mon ami, lui dit-il d'une
voix entrecoupee, nous allons tous les deux paraitre devant le bon
Dieu. Voulez-vous que nous fassions le voyage ensemble?... Moi, je
viens vous aider... et vous apporter les secours de cette derniere
heure..."
Un intraduisible cri echappa au malade, et sans pouvoir articuler un
mot, il saisit la main de son pasteur et la porta a ses levres avec un
mouvement d'adoration.
"Mon ami, continua celui-ci, le temps est court...; confiez-vous a
moi; vous ne me refuserez pas de vous confesser, n'est-ce pas?"
Le malade, subjugue par cet heroisme de la foi, fondit en larmes. "Oh!
oui, je veux me confesser a vous!" s'ecria-t-il.
Un sourire du ciel passa sur les levres blanches du pasteur. Il fit un
signe, et le vide s'etablit autour des deux mourants.
Bientot apres, le ministre de Dieu fit un dernier effort pour
elever sa main au-dessus de la tete du pardonne, et les paroles de
l'absolution tomberent comme une rosee sur cette ame ressuscitee. Le
pretre appela; "L'Extreme-Onction!" demanda-t-il. On lui apporta ce
qui etait necessaire pour la reception du Sacrement. "Prenez mon bras,
et conduisez ma main," dit-il a son aide. Et l'on conduisit cette main
mourante, se trainant refroidie deja, comme une supreme benediction,
sur les membres du malade qui semblait se ranimer sous ce froid
attouchement et sous les onctions de l'huile sainte.
Quand tout fut acheve, le pretre pencha sa tete alourdie vers celui
qu'il venait d'administrer, et dans un soupir de soulagement, il
dit tout bas: "Au revoir, mon ami!... Maintenant, remportez-moi,
ajouta-t-il d'une voix eteinte. _Nunc dimittis servum tuum, Domine,
secundum verbum tuum, in pare!_"
Puis sa tete tomba pesante sur sa poitrine; ses bras fatigues se
laisserent pendre; ses yeux se fermerent: et, pendant cette lugubre
route du retour, on aurait cru qu'il n'existait plus, si l'on n'avait
vu ses levres remuer sous un souffle de priere. Peu apres, on le
deposa immobile sur son lit. Quelques heures plus tard, il etait mort.
* * * * *
38.--DEUX FOIS SAUVE!
Il y a dans notre college, rapporte un eminent ecrivain, retracant ses
souvenirs de jeunesse, un pauvre abandonne qu'on appelle Isaac. Comme
son nom l'indique, il est juif. De plus, il est orphelin e
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