t puis, d'un
air triste, elle dit: "Non, tout n'est pas la; il n'a pas eu de peine
a vous remettre ces insignes; il lui en a coute davantage pour ce
livre, qui est particulier a son grade. Mais il y a encore autre
chose.--Quoi donc?--Un ecrit dont j'ignore le contenu; mon pere m'a
recommande de le porter tout cachete apres sa mort au chef de sa Loge.
Ce doit etre quelque secret important."
"Je retourne pres du malade, et je lui dis: "Mon pauvre ami, pourquoi
me trompez-vous? Vous allez paraitre devant le tribunal de Dieu;
croyez-vous echapper a sa justice? Vous avez encore quelque chose a
me livrer." Le malade parut consterne; je remarquai la paleur de
son visage et le trouble de ses yeux; puis il dit avec un certain
embarras: "Mais vous avez tout emporte, je n'ai plus rien a
vous livrer.--Non, il y a un ecrit comme en font tous les
francs-macons.--C'est une erreur, mon Pere, je n'ai plus rien." Je
redoublai d'instances: tout etait inutile, le demon allait triompher.
J'employais tous les moyens que je croyais efficaces en telle
occasion. Je n'obtins rien: le malade niait, ou ne repondait pas.
Alors, sa fille ouvre la porte et se jette a genoux au pied du lit:
"Oh! mon pere, de grace, sauvez votre ame; votre fille serait trop
malheureuse. Vous dites que vous m'aimez, prouvez-le maintenant."
"Le malade ne s'attendait pas a cette secousse: les embrassements et
les larmes de sa fille l'emeuvent; elle lui prodigue les caresses les
plus vives; elle lui dit les paroles les plus tendres, lui parle du
ciel qu'il perd, et le malade veut repondre: "Tu sais que je n'ai rien
de cache." Sa fille, prenant un ton inspire: "Ne mentez pas, mon pere;
vous avez toujours ete franc; que je ne rougisse pas de votre nom.
Donnez au Pere le papier que vous m'avez recommande de porter au
venerable de la Loge."
"A ces paroles, le malade pousse un cri; puis, faisant un effort, il
dit en soupirant: "Non, ma fille, tu ne rougiras pas de ton pere.
Tiens, prends cette clef a mon cou, ouvre le tiroir, et donne au Pere
le papier qu'il renferme." Puis il tombe affaisse.
"Sa fille, prompte comme l'eclair, avait execute ses ordres et me
remettait un pli cachete en disant: "Victoire! mon pere est sauve!"
Cette scene m'avait profondement touche. Le courage de cette fille me
rappelait une chretienne des premiers siecles. Le malade vecut
encore quelques heures, et ses dernieres paroles etaient un acte de
contrition, en meme temps que de foi et d'espe
|