Tant de colere cependant denote ordinairement un reste de
foi, prisonniere de l'impitoyable libre-pensee.
Sa soeur insista, et, vaincu par cette persistance, vers minuit,
heure a laquelle un homme du monde n'aime pas a dire qu'il prefere
se coucher, l'etudiant la protegeait sur le chemin de la messe et
s'installait aupres d'elle pour la proteger au retour.
La ceremonie fort belle de Notre-Dame-des-Victoires paraissait
l'interesser; il regardait avec une sorte d'avidite ce spectacle
oublie et ne s'ennuyait pas.
Au moment de la communion, il fut fort etonne; tous defilaient pour se
rendre a la sainte Table. On arriva a son rang, les voisins sortirent,
sa soeur aussi. Il se vit seul. Le vide lui causa une impression
etrange...
Cependant sa soeur recevait l'Enfant-Jesus en la creche de son coeur
et le rechauffait de l'ardeur de sa priere pour le jeune incredule.
De son cote, le libre-penseur, pret a resister fierement aux
sollicitations de tous les chretiens assembles dans l'eglise,
succombait sous le poids de l'isolement ou l'avaient laisse ses
quelques voisins; disons le mot: il eut peur.
Un souvenir d'enfance domina son esprit, il tomba a deux genoux, et
une explosion de sanglots sortit de sa poitrine...
La jeune fille cependant revenait devotement; elle voit cette
abondance de larmes, et son frere qui se penche a son oreille pour lui
dire: Ma soeur, sauve-moi! Un pretre! je suis ecrase sous le poids de
mon indignite! Un pretre! un pretre!
Ce fut sa soeur qui eut a moderer l'impatience de ce neophyte. A
l'issue de la ceremonie, le pretre fut trouve, et bientot le jeune
homme embrassait sa mere, en lui disant: Je vous rends votre fils.
On ne reposa point en cette belle nuit, pas plus qu'a la creche de
Bethleem, et a six heures du matin tous deux etaient revenus a la meme
place en l'eglise de Notre-Dame-des-Victoires.
Au moment de la communion, tous quitterent leur rang pour aller a la
sainte Table; l'etudiant les suivait. Une jeune fille restait seule
prosternee a deux genoux, et le pave qui avait recu la nuit les larmes
de repentir, recevait encore des larmes; mais c'etaient des larmes de
joie.
* * * * *
24.--SAGESSE ET FOLIE.
Vers l'annee 18l0, vivait a Clermont en Auvergne un ouvrier serrurier,
travailleur habile et courageux, mais qui malheureusement se livrait
de temps en temps a quelques exces. A la suite d'un ecart de regime,
qui l'avait rendu momen
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