emontait a dix mois. Il la fit dans un bois, a l'ombre d'un arbre
protecteur... Mais ce n'etait pas tout: comment communier?
Le pretre dut repasser le fleuve (l'Elbe) qui separait sa mission du
lieu habite par le pauvre neophyte. On pria, on etudia le terrain, et
enfin, quelques jours apres, le missionnaire se deguisa de nouveau,
prit sur lui un petit vase d'argent renfermant tout le tresor des
cieux, la sainte Hostie, et s'embarqua sur un bateau a vapeur, au
milieu d'une foule stupide qui ne se doutait pas que Jesus-Christ,
vrai Dieu et vrai homme, etait cache sur la poitrine de cet heureux
pretre. L'enfant avait pu s'echapper de l'ecole pour accourir dans la
chambre de sa mere, et la, dans cette chambre ou il avait improvise un
petit autel couvert de fleurs et de lumieres, tous deux a genoux
ils attendaient la visite si ardemment desiree du Sauveur Jesus en
personne qui voulait bien condescendre a venir les fortifier dans leur
exil.
Enfin le pretre, traversant sans obstacle tous les dangers de cette
perilleuse entreprise, arriva avec son depot precieux, et dans ce pays
sans foi, dans cette ville sans pretre, sans eglise catholique, et
dans cette modeste chambre, l'enfant put accomplir le devoir pascal et
s'unir a son Jesus.
Voici ce qu'il m'ecrivit quelques jours apres:
"Quand je me reveille la nuit, o mon cher oncle, pour penser a toutes
les graces que le bon Jesus m'a faites depuis que je suis ici, loin de
tout secours religieux, quand je pense surtout a la communion que j'ai
pu faire presque miraculeusement dans la petite chambre de maman, je
me mets a bondir de joie sur mon lit et a mordre ma couverture dans le
transport de ma reconnaissance."
Quelques mois apres, il m'ecrivait encore: "Nous sommes a la veille de
Noel, et a l'approche de cette solennite la surveillance redouble pour
m'empecher de recevoir mon Dieu. Helas! devrai-je passer ces belles
fetes dans un douloureux jeune, prive du pain de vie? Priez le saint
Enfant Jesus que mon jeune finisse bientot. Il faut que je sois bien
sage pour dedommager maman de ne pas se trouver a Lyon pendant que
vous y prechez."
Ici se termine le touchant recit du P. Hermann. Depuis lors, Georges a
ete rendu a sa mere, et ils ne se sont plus separes. Le bon religieux
revit, trois ans apres lui avoir donne le bapteme, cet enfant cheri
qu'il ne cessa de diriger jusqu'a sa mort.
* * * * *
16.--LES DEUX AMIS.
Il y a quel
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