aris, elle alla se refugier a Lyon, ou elle fut
accueillie par la marraine de son fils. Bien souvent, on vit tomber
ses larmes sur la Table Sainte ou elle venait puiser des forces dans
la reception du Pain quotidien, de ce Jesus pour l'amour duquel elle
s'etait exposee a la cruelle separation de son fils unique.
Trois mois se sont ecoules encore, et une lettre venue du fond de
l'Allemagne lui dit: "Venez, votre fils est ici." Elle accourt, et
apres un penible et long voyage de plus de cinq cents lieues, au
moment ou elle apercoit sa famille, elle s'ecrie: "Mon fils! ou est
mon fils?--Votre fils, vous ne le reverrez qu'apres avoir fait serment
devant Dieu que vous l'eleverez dans la religion juive et que vous ne
manifesterez par aucun signe exterieur la religion catholique que vous
avez embrassee."
Apres quelques semaines d'une dechirante agonie, le coeur du pere
se laisse attendrir, et il permet une entrevue en sa presence, a la
condition qu'il ne sera point question de religion. Le fils s'est jete
au cou de sa mere, celle-ci l'a baigne de ses larmes, ils n'ont pu
prononcer les doux noms de Jesus et de Marie; mais dans une lettre, ma
pauvre soeur me disait: "Il n'a rien pu me dire, mais j'ai compris,
j'ai senti, je suis sure qu'il est reste fidele. Oui, j'ai senti
dans ses regards, dans ses tendres baisers que mon fils est toujours
chretien."
Mais le pauvre Georges se trouva de nouveau prive du tresor pour
lequel il avait affronte toute cette persecution religieuse: il
s'etait fait chretien pour pouvoir communier, et voici que depuis la
Toussaint jusqu'a Paques une severe surveillance l'avait empeche de se
rendre a l'eglise et il se trouvait place dans une pension, dans une
ville ou il n'y avait pas un seul pretre catholique... Peut-on se
figurer cette torture?... Plusieurs mois se passent encore. Un jour,
(jour secretement fixe d'avance), il parvient enfin a se soustraire a
la surveillance de ceux qui le gardent, il va jouer dans un bois; mais
ce ne sont pas des fleurs ni des papillons qu'il cherche; son regard
emu attend un messager du ciel... Un monsieur passe pres de lui et
le regarde avec un interet marque: c'est bien lui. Savez-vous qui
c'etait? C'etait un pretre missionnaire que la mere du petit Georges
avait attendri sur son sort. Il s'etait deguise et etait venu se
promener, comme par hasard, dans ce meme bois, et le pauvre enfant put
faire pour la premiere fois sa confession depuis son enlevement, qui
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