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abattre; leur zele, au contraire, semblait acquerir de nouvelles
forces a la vue des malheurs de ces contrees et des dangers qui
planaient sur elles.
Tandis que plusieurs confesseurs de la foi prodiguaient leur zele sur
d'autres points du diocese, M. l'abbe Coquet, (mort en 1845 cure
de Rozier-en-Donzy), avait choisi pour theatre de ses courses
evangeliques le centre meme de la persecution, Feurs, capitale du
Forez, et l'intrepide proscrit poursuivait sa mission sublime sous les
yeux pour ainsi dire de Javogues. On ne saurait raconter en detail
tous les actes d'heroisme, de devouement, de sainte audace, qu'il
accomplit pendant cette periode de terrible memoire; mais l'histoire
suivante en donne une bien haute idee, en meme temps qu'elle offre un
exemple des plus etonnants de la misericorde divine.
Un jour, un envoye extraordinaire se presente dans le lieu de retraite
du saint missionnaire. "Une femme se meurt, s'ecrie-t-il, une femme
bien pieuse, bien devouee, mais qui ne peut se resigner a mourir sans
sacrements et qui exprime le plus vif desir de recevoir les secours
d'un pretre pour obtenir le pardon de ses fautes ainsi qu'une mort
tranquille."
L'abbe, apres avoir ecoute l'envoye avec sa bienveillance ordinaire,
s'empressa de promettre les consolations de son ministere, dont on
reclamait l'assistance; mais a peine le premier courrier avait-il
disparu, qu'un autre entre et s'ecrie: "Monsieur l'abbe, on vient de
vous mander aupres d'une malade? Gardez-vous bien d'aller chez elle!
Depuis longtemps les satellites de Javogues, qui vous epient, ont
appris la maladie de cette femme, et ils ont decide entre eux de
saisir le premier pretre qui se presentera. Reflechissez: si vous
etes pris, au meme instant vous serez conduit a Feurs et dans les
vingt-quatre heures execute."
Il y avait en effet de quoi reflechir: mais quand le devoir parle
au coeur d'un ministre de Dieu lui-meme, toute crainte est bientot
dissipee, et la decision ne se fait pas attendre. "Quoi qu'il arrive,
se dit l'abbe Coquet, le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis; je
suis appele, il faut partir..."
Le soleil n'etait pas encore couche; le charitable pretre attendit
encore quelques instants, esperant, aide du ciel et des ombres
naissantes de la nuit, parvenir plus surement a son but. Enfin le
voila en marche; couvert d'habits de paysan, il s'avance dans la
campagne. Tout est silencieux autour de lui: les patres ont deja
regagne leur
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