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bapteme. De grace, accordez-le-moi."
La ceremonie continue au milieu de la plus profonde emotion des
assistants. Apres le bapteme, vint la sainte messe, et apres
avoir faire descendre et recu mon Dieu dans les transports de la
reconnaissance, je me retournai et montrai a l'heureux enfant
l'objet de tous ses voeux, de tous ses desirs. Jamais spectacle plus
attendrissant n'avait frappe les regards de la foi chretienne!...
Agenouille entre sa mere et sa marraine, il aspira dans un divin
baiser et recueillit dans son coeur ce doux Jesus qui venait lui
apporter tout son ciel avec lui... Rien ne troubla son bonheur, pas
meme la crainte d'etre surpris par son pere... Quelques semaines
apres, il communia encore pour la Toussaint avec la meme allegresse,
et puis vint l'heure de l'epreuve.
Son pere lui presenta un livre et lui dit: "Faisons la priere.--Mon
pere, je ne puis pas prier dans ce livre des Israelites.--Et
pourquoi?--Je suis chretien, je suis catholique.--Mon enfant, tu te
livres a un jeu cruel! tu ne parles pas serieusement, je pense. Du
reste, tu sais bien que ton bapteme ne serait pas valide sans le
consentement de ton pere.--Pardon, mon pere, dans notre sainte
religion catholique, il suffit d'avoir l'age de raison et
l'instruction religieuse pour etre baptise validement." Le pere
dissimula d'abord sa violente irritation; mais quelques jours apres,
il enlevait son fils, partait avec lui et le conduisait dans un pays
protestant, a quatre cent cinquante lieues de sa mere.
Tous les efforts qu'on fit pour decouvrir l'asile ou l'on avait
relegue le pauvre enfant demeurerent inutiles. On avait mis en
mouvement toutes les autorites civiles et politiques pour le chercher;
mais comme il avait ete place sous un nom suppose dans un pensionnat
dirige par des heretiques, toutes les demarches furent sans succes,
et la mere resta seule... et l'enfant, comme Daniel dans la fosse aux
lions, fut en butte a des assauts acharnes pour lui faire renier sa
foi. "Je voudrais revoir ma mere, s'ecriait-il souvent en versant
d'abondantes larmes.--Tu la reverras, lui repliquait-on, si tu
abjures.--Oh! non, je suis chretien, je suis catholique et je prefere
tout souffrir plutot que de renoncer a ma foi."
Et malgre cette heroique fidelite, on ecrivait a la mere que son fils
etait rentre dans les tenebres du judaisme. Mais elle avait confiance
en Jesus, en Marie, en Joseph, elle n'en crut rien, et ne sachant que
devenir toute seule a P
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