stification qu'il pretendait infliger lui-meme?
Le saint pretre, calme et impassible, regarde fixement l'homme qui
le menace, et n'opposant a sa fureur qu'une sublime resignation:
"Monsieur, dit-il, le vieillard qui n'a plus que quelques jours a
passer sur la terre ne doit pas redouter la mort; et le pretre doit
mourir plutot que de transiger avec sa conscience, il ne saurait
retracter un devoir accompli, et il ne flechit le genou que devant son
Dieu!"
Et portant la main a son coeur: "Frappez, monsieur, dit-il, frappez!
Dieu nous voit, qu'il nous juge; a lui seul appartient la vengeance!"
Ainsi que nous venons de le dire, se trouvant dans la necessite ou
d'etre meurtrier ou de subir la honte d'une defaite, X*** fut tout
heureux de voir sa femme s'interposer et solliciter en faveur du
vieillard un _genereux_ pardon. Cette mediation tout a coup inspiree a
Mme X*** diminua un peu ce qu'avait d'humiliant la position que son
mari s'etait faite. Ne paraissant alors obeir qu'aux instances de son
epouse, il baissa l'arme et ne frappa point.
--Puisque vous ne voulez pas me tuer, dit le cure, souriant a demi,
soyez assez bon, monsieur, pour vouloir bien me rendre la liberte que
vous m'avez ravie.
X*** ouvrit la porte de son appartement, non sans quelque embarras, et
le pretre, ne laissant paraitre aucune emotion, avec l'aisance d'un
calme parfait, se retira en s'inclinant.
Un an apres, jour pour jour, le triste heros de cette aventure
revenait, a cheval, d'un village voisin. C'etait a la nuit tombante,
et le voyageur humait avec delices la fraicheur du soir.
Apres une absence de huit jours, il venait de regler quelques affaires
et se hatait de rentrer au sein de sa famille. Le voyage jusque-la
avait ete des plus heureux; tout a coup, arrive a un endroit ou la
route decrit brusquement une courbe, le contact inattendu d'une
branche qui s'inclinait isolement sur le chemin effraye le cheval.
Un ecart aussi prompt qu'imprevu renverse le cavalier. Par une
circonstance funeste, le pied de X**** demeure engage dans l'etrier
et le tient suspendu aux flancs de sa monture, balayant de son front
ensanglante le sable et les cailloux de la route.
Non loin de la se trouvaient quelques, habitations, ca et la eparses.
Aux cris de l'infortune, on accourt; mais, surexcite par le bruit
qu'il entend et par la piqure incessante de l'eperon avec lequel il
laboure lui-meme ses propres flancs, le cheval redouble de vitesse et
traine a t
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