du charitable pretre, qui s'informait si ce n'etait
point ici la chambre de la pauvre femme malade, et enfin lui ferma la
porte au nez.
Patient et doux comme le divin Maitre, le pretre frappa a la porte
suivante, ou il ne fut guere mieux accueilli.
Il monta au second etage, un petit garcon etait dans le corridor. "Mon
enfant, lui dit le bon pretre, pourrais-tu m'indiquer la chambre d'une
pauvre dame qui demeure dans cette maison et qui est bien malade. Elle
s'appelle madame Gerard.--Il y a bien a la porte la-bas au bout du
corridor une pauvre dame tres malade, monsieur le Cure; papa disait
meme qu'elle ne passerait pas la nuit; mais il me semble qu'elle ne
s'appelle pas comme vous dites.--Le nom importe peu. Fais-moi le
plaisir de me conduire a sa porte." Et l'enfant le conduisit.
L'abbe ouvrit la porte, entra dans la chambre. Aupres d'un lit ou
etait en effet une femme malade a l'agonie, etait assis un homme d'une
cinquantaine d'annees, qui se leva et parut fort etonne a la vue d'un
pretre. Celui-ci le salua avec affabilite et lui demanda comment
allait sa pauvre femme; "car c'est sans doute votre femme,
ajouta-t-il, et vous etes monsieur Gerard?...--Moi? repondit
brusquement le maitre de la chambre; point du tout. Qui vous a dit
de venir ici et de vous meler de nos affaires?--Mais on vient de
m'envoyer chercher, repartit le pretre fort etonne. On m'a dit qu'une
pauvre dame Gerard, malade a l'extremite, m'envoyait querir pour
recevoir les derniers secours de la religion. Si je me suis mepris de
rue, ou de maison, ou de chambre, il me semble du moins que la pauvre
dame que voici n'a pas moins besoin de mon saint ministere. C'est
le bon Dieu, sans doute, qui m'a conduit ici et qui a permis cette
meprise."
"Oh! oui, Monsieur! murmura d'une voix affaiblie la pauvre mourante,
c'est Dieu qui vous a conduit ici.--Point du tout, dit le mari avec
emportement. Voici plus de dix ans qu'un pretre n'a mis les pieds chez
moi, et vous ne confesserez pas ma femme; elle est a moi, melez-vous
de vos affaires!--Vous vous trompez fort, Monsieur, dit le pretre avec
douceur et fermete. Votre femme est a Dieu avant d'etre a vous, et
vous n'avez pas le droit de disposer de son ame. Si votre femme veut
se confesser, je la confesserai; et mon devoir est de ne l'abandonner
que si, de sa propre volonte, elle refuse mon ministere."
Et s'approchant de la malade: "Madame, lui dit-il, desirez-vous vous
reconcilier avec Dieu et mourir chret
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