ois, qui avancent dans la chambre et que l'on peut aborder des
deux cotes. En voyant approcher son mari, la femme reunit ses forces
et se tourne de l'autre cote. On porte le vieil infirme de ce cote-la;
au grand etonnement de tous, la femme se retourne, en disant: "A quoi
bon nous embrasser et nous dire adieu, si nous devons ne pas nous
revoir dans l'eternite?"
Le vieil incredule n'y tient plus. Il fond en larmes. "Si! si! ma
chere femme, s'ecrie-t-il, nous nous reverrons, je te le promets! Je
vais appeler M. le cure tout de suite, et je me confesserai. N'aie pas
peur; je ne veux pas etre separe de toi pour toujours. Moi aussi, je
vais servir le bon Dieu. Prie-le qu'il me pardonne."
On etait en pleine nuit, et il etait trop tard pour faire venir
immediatement le pretre. Mais, des le matin, on courut au presbytere.
"Venez, vite, monsieur le Cure!--Comment! repond celui-ci, elle n'est
pas morte?--Ce n'est pas pour elle, mais pour son mari, qui vous
reclame pour se confesser tout de suite."
Le cure accourt. Deja froide et sans mouvement, la bonne femme vivait
encore et avait sa pleine connaissance. Elle regardait fixement son
mari, a l'autre bout de la chambre. En voyant entrer le cure, un
eclair de joie brilla dans ses yeux eteints, et, d'une voix mourante,
elle murmura: "Je ne voudrais pas m'en aller avant de le voir
converti."
Le cure s'assied aupres du vieux mari; la confession commence; et, au
premier signe de croix, l'heureuse femme rend le dernier soupir...
Huit jours apres, a la messe du second service funebre celebre pour sa
femme, le pauvre vieillard converti faisait sa premiere communion, a
la grande edification de toute la paroisse.
* * * * *
13.--LA SOUPAPE.
Une actrice de Geneve avait une petite fille de onze ou douze ans.
La mere, tout oublieuse qu'elle etait pour elle-meme de ses devoirs
religieux, se souvint cependant qu'elle etait catholique et voulut que
son enfant fit et fit bien sa premiere communion. Elle la conduisit
en consequence chez l'abbe Mermillod[5], l'un des pretres les plus
intelligents et les plus charitables de la ville, et le pria de
vouloir bien instruire et preparer sa petite fille. Le pretre la recut
avec une bonte qui lui fit une vive impression, et il fut convenu que
sous peu de jours commenceraient les lecons de catechisme en presence
de la Mere.
[Note 5: Devenu depuis eveque et cardinal.]
Quelques jours apres cette premi
|