de lui donner, et surtout du mouvement
auquel j'avais obei. Je suivis ce cher enfant sur la pointe des pieds,
afin de le consoler par quelque caresse, si je le voyais trop afflige.
La porte etait entr'ouverte. Je regardai sans faire de bruit. Il etait
a genoux devant une image de la sainte Vierge; il priait de tout son
coeur. Ah! je vous assure que j'ai su ce soir-la quel effet peut
produire sur nous l'apparition d'un ange!
J'allai m'asseoir a mon bureau, la tete dans mes mains, pret a
pleurer. Je restai ainsi quelques instants. Quand je relevai les yeux,
mon petit garcon etait devant moi avec une figure tout animee de
crainte, de resolution et d'amour.
--Papa, me dit-il, ce que j'ai a vous demander, ne peut pas se
remettre, et ma mere le trouvera bon: c'est que, le jour de ma
premiere communion, vous veniez a la sainte Table avec elle et moi.
Ne me refusez point, papa. Faites cela pour le bon Dieu qui vous aime
tant.
Ah! je n'essayai pas de disputer davantage contre ce grand Dieu qui
daignait ainsi me contraindre. Je serrai en pleurant mon enfant sur
mon coeur.--Oui, oui, lui dis-je, oui, mon enfant, je le ferai. Quand
tu voudras, aujourd'hui meme, tu me prendras par la main; tu me
meneras a ton confesseur, et tu lui diras: "Voici mon pere."
_L'abbe_ LOTH.
* * * * *
7.--UN CADEAU INATTENDU.
Dans une fonderie situee pres de Paris, il y avait un ouvrier qui
avait recu autrefois une certaine education. Mais des revers de
fortune l'avaient oblige a chercher du travail.
Un jour, il fit un faux pas, tendit ses mains en avant pour amortir sa
chute, et sa main droite alla malheureusement s'etendre sur un
morceau de fer rouge qui la brula jusqu'a l'os. Le malheureux subit
l'amputation avec courage; mais il ne souffrit pas avec un courage
egal une infortune qui le privait, lui, sa femme et ses quatre
enfants, du pain quotidien; ses plaintes s'exhalaient en affreux
blasphemes.
Informee de sa triste situation par une bonne-soeur de charite, la
comtesse *** se hata d'accourir. Elle prodigua avec ses secours
les bonnes paroles, multiplia ses visites, ses cadeaux, ses
encouragements.
L'ouvrier la recevait froidement, acceptait tout poliment, remerciait
sechement et, des que la charitable comtesse avait franchi le seuil
de la mansarde, il se tournait vers sa femme et lui disait d'un ton
railleur: "Les visites de cette dame sont bien interessees, j'en suis
sur, c'est en vu
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