sa reponse
serait peut-etre deja sous presse, de menager la forme a l'avenir,
de montrer une patience, un esprit de conciliation et de fraternite
superieur aux discussions de principes. Mais je n'espere rien de mes
prieres. Les hommes dans cette situation sont entraines sur une pente
fatale. Une voix s'eleve pour les rappeler a la charite; mille autres
voix etouffent celle-la pour souffler la colere et engager le combat. Je
pense que, de votre cote, vous avez ecrit. S'ils ne vous ecoutent pas,
qui ecouteront-ils? Quant a Ledru-Rollin, je ne suis pas en relations
avec lui; je suis presque sure qu'une lettre de moi ne lui ferait aucun
effet. Il _deteste_ trop ceux qu'il _n'aime pas_. Je l'aurais vu, si
j'avais pu faire ce voyage. Mais croyez que tout cela n'eut pas ete d'un
effet serieux sur leurs dispositions interieures. Vous savez bien comme
moi que, derriere les dissidences de convictions, il y a trop de passion
personnelle, et que l'orgueil de l'homme est trop puissant pour que la
parole d'une femme le guerisse et l'apaise. Vous etes un saint,
vous; mais, eux, ils sont des hommes, ils en ont les orages ou les
entrainements. Et puis je suis si decouragee du fait present, que je ne
sens pas en moi la puissance de convaincre. Je vois que nous marchons a
la _constitutionnalite_; quelle que soit la forme qu'elle revete, elle
fera encore l'engourdissement de la France pendant quelque temps. Tant
mieux, peut-etre, car le peuple n'est pas mur, et, malgre tout, il murit
dans ce repos qui ressemble a la mort. Nous en souffrons, nous qui nous,
elancons vers l'avenir avec impatience. Nous sommes les victimes agitees
ou resignees de cette lenteur des masses. Mais la Providence ne les
presse pas: elle nous a jetes en eclaireurs pour supporter le premier
feu et perir, s'il le faut, aux avant-postes. Acceptons! L'armee vient
derriere nous, lentement et sans ordre; mais enfin elle marche, et, si
on peut la retarder, on ne peut pas l'arreter.
Si j'avais pu aller en Angleterre, j'aurais ete a Doullens, au retour.
Mais les jours que j'ai a passer a Paris sont comptes maintenant, et ce
ne sera pas encore pour cette fois. Dites-moi toujours, en attendant que
je puisse realiser un des plus chers reves que je fasse, comment il faut
s'y prendre pour vous voir. A qui demander l'autorisation? Et ne me la
refusera-t-on pas? Adressez-moi toujours vos lettres a Nohant par la
meme voie que la derniere. Vous savez que M. Lebarbier de Tinan est
dan
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