rit a toutes les personnes un peu
connues dans les arts, et auxquelles le temps et la raison ne permettent
pas de donner une attention serieuse. Mais la premiere que je recus de
vous me prouva, par sa modestie et sa sagesse, que je devais faire une
de ces rares exceptions qu'on est heureux de signaler, et, autant qu'il
m'a ete possible, j'ai repondu aux discrets et genereux appels de votre
esprit delicat et sense. Je m'en applaudis doublement aujourd'hui en
apprenant que mon estime et ma sympathie vous ont assure celles d'un
homme genereux dans des circonstances funestes[1]. Faites savoir, je
vous prie a M. Francisco Cardozzo de Mello, s'il est toujours aux iles
du Cap-Vert, que je suis de moitie dans la reconnaissance que vous lui
portez. Elle lui est due de ma part, puisque c'est un peu a cause de moi
qu'il vous a si bien traite. Mais son bon coeur a ete le premier mobile
de sa bonne action, et votre merite en sera la recompense. Si mes
sentiments peuvent y ajouter quelque chose, soyez-en l'interprete aupres
de lui.
Vous ne me dites pas ce que vous allez faire a Manille[2]. Croyez que
je m'interesserai cependant a tout ce qui vous concerne et que j'aurai
beaucoup de satisfaction a recevoir de vos nouvelles. Je vous envie
beaucoup d'avoir la jeunesse et la liberte qui permettent ces beaux
voyages, traverses, sans doute, de perils, de souffrances et de
desastres, mais ou la vue des grands spectacles de la nature et des
richesses de la creation apportent de si nobles dedommagements. Je pense
que vous prendrez beaucoup de notes et que vous tiendrez un journal qui
vous permettra de donner une bonne relation de vos voyages.
Ces vastes excursions, de quelque cote qu'on les envisage, et le mieux
est de les envisager sous tous les cotes a la fois, ont toujours un
puissant interet, et vous y trouverez des ressources pour l'avenir.
Occupez-vous d'histoire naturelle; n'y fussiez-vous pas tres verse, vos
collections et vos observations auront leur utilite. Pour ma part, je
vous demande des insectes et des papillons; les plus humbles, les plus
chetifs, me seront encore une richesse; et, comme je connais quelques
amateurs, je pourrais, a votre retour, vous procurer d'agreables
relations.
La meilleure maniere d'appreter les papillons et les insectes, c'est de
ne pas chercher a les preparer. Quand le papillon est tue et pique dans
une longue epingle, ses ailes se ferment et il se desseche ainsi. On
peut donc en apporter une quan
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