ret_, en meme temps que j'envoyais le
mien avec la traduction complete a Paris. Il a mieux reussi que moi. Cet
article a ete publie, il y a quelques jours, et j'attends, pour vous
l'envoyer, que j'y puisse joindre le mien. J'ai vu aujourd'hui Leroux,
a qui j'ai remis un exemplaire de votre texte italien, et qui va s'en
occuper serieusement dans la _Revue sociale_. Il ne sera pas autant que
moi de votre avis. Il rendra justice a la purete et a l'elevation de vos
idees et de vos sentiments; mais il est possede aujourd'hui d'une _rage
de pacification_, d'une horreur pour la guerre, qui va jusqu'a l'exces
et que je ne saurais partager.
Blamer la guerre dans la theorie de l'ideal, c'est tout simple; mais
il oublie que l'ideal est une conquete, et qu'au point ou en est
l'humanite, toute conquete demande notre sang.
Il vous envoie probablement ses travaux quotidiens. Le voila qui croit
tenir la science religieuse, politique et sociale, et qui s'annonce avec
beaucoup d'audace comme possedant un _dogme_, une _organisation_, un
principe de _subsistance_; c'est beaucoup dire! Cette admirable cervelle
a touche, je le crains, la limite que l'humanite peut atteindre. Entre
le genie et l'aberration, il n'y a souvent que l'epaisseur d'un cheveu.
Pour moi, apres un examen bien serieux, bien consciencieux, avec un
grand respect, une grande admiration et une sympathie presque complete
pour tous ses travaux, j'avoue que je suis forcee de m'arreter, et que
je ne puis le suivre dans l'expose de son systeme. Je ne crois pas,
d'ailleurs, aux systemes d'application a priori. Il y faut le concours
de l'humanite et l'inspiration de l'action generale. Enfin, lisez et
dites-moi si j'ai tort et si vous le croyez dans le vrai. Je tiens
beaucoup a votre jugement. J'en ai meme besoin pour sonder encore le
mien propre. Je vous demande donc de donner deux ou trois heures a cette
lecture, et d'en consacrer encore une ou deux, s'il le faut, a resumer
pour moi votre opinion. Ne craignez pas de me faire payer un gros port
de lettre. Je n'ai pas encore discute avec Leroux, j'etais tout occupee
de l'ecouter et de le faire expliquer. Et puis il etait aujourd'hui dans
une sorte d'ivresse metaphysique, et il n'eut rien entendu.
Adieu, mon ami; permettez-moi d'affranchir ce paquet, que je vais
grossir de ma reponse a miss Hays. Je ne me souciais pas de repondre,
je l'avoue. Une personne qui avait debute par des _alterations_ ne me
paraissait pas tres bien ven
|