tristes murs aurait le moindre echo en France. Souvenez-vous
que vous etes notre force, a nous, et que vous seul pourriez nous
l'oter, en doutant de vous-meme. Soyez tranquille, si une insulte
parlait de je ne sais quels bourbiers de la reaction, nous ne la
laisserions pas passer, et, tout en la meprisant, nous l'ecraserions.
Mais cette insulte ne viendra pas, et nous ne devons meme pas supposer
qu'elle puisse venir; ce n'est pas quand il s'agit de vous qu'il faut
aller au-devant d'un semblant de soupcon.
Vous avez du recevoir une lettre de Louis Blanc et une de Landolphe que
je vous ai fait passer par M. P... Soutenez les vivants dans leur lutte,
vous qui etes deja a moitie dans le ciel. Et que ce calme de la tombe
illustre ou l'on vous tient enferme vous conserve comme Jesus dans
la sienne. Songez a en sortir vivant et fort; car le jour viendra
de lui-meme, et nous aurons encore besoin de vous dans le monde des
souffrances et des passions.
Donnez-moi de vos nouvelles. Je crains que vous ne soyez reellement
malade sans vouloir l'avouer, et que tout cela ne soit le resultat tres
naturel et tres impartial d'une consultation de medecins. Vous avez
peut-etre ete assez malade a ce moment-la pour qu'on n'ait pas
voulu prendre la responsabilite d'aggraver trop votre etat par le
transferement. Je ne crois pas que personne ait demande _grace_
pour vous. Ce ne pourrait etre qu'un ami maladroit; mais c'est
fort invraisemblable qu'on vous aime et qu'on agisse malgre vous.
L'inquietude que j'eprouve a saisi tout le monde. Rassurez-nous.
Conservez-vous. Il le faut, et pour la cause et pour ceux qui, comme
moi, vous cherissent de toute leur ame.
GEORGE.
CCCXIX
A JOSEPH MAZZINI, A LONDRES
Nohant, novembre 1850.
Mon ami,
Je vous envoie la lettre que vous m'avez ordonnee pour miss Hays. Je
suis bien paresseuse pour repondre a toutes ces formules qui s'adressent
au _nom_ plus qu'a l'ame, et j'y reponds si betement, que je ferais
mieux de me taire. Mais vous l'avez voulu, et, comme je donnerais mon
sang pour vous, je ne me fais pas un merite die repandre un peu d'encre.
Cela me fait penser que vous ne m'avez jamais demande d'ecrire a madame
Ashurst, et que, celle-la, vous la nommez toujours votre amie. Elle doit
donc etre meilleure que toutes les autres, et, en ce cas; parlez-lui de
moi et dites-lui pour moi tout ce que je ne sais pas ecrire. Vous le
lui direz mieux et elle le compr
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