l y a deux jours, par une journee de forte chaleur, la
seule que nous ayons encore eue ici depuis le printemps.
Le succes de _Moliere_ a ete bon comme approbation du public, mais nul
d'argent. Les theatres du boulevard sont vides des qu'il fait beau, et
on a joue ma piece trop tard dans la saison morte. Le theatre etait
d'ailleurs en deconfiture, a ce qu'il parait; car il a ferme brusquement
ces jours-ci, et on le reconstitue, je ne sais si c'est avec la meme
direction.
Je vais tenter autre chose. Il faut s'attendre a bien du travail perdu
dans cette partie.
Je viens de recevoir une lettre que le colonel d'Oscar ecrit au general
Baraguey d'Hilliers, et que ledit general m'a renvoyee pour me faire
voir qu'on promettait positivement qu'Oscar passerait marechal des
logis. J'espere, sans etre certaine, et je voudrais dire cette bonne
nouvelle a Oscar. Mais tu m'annonces qu'ils _vont partir_, et tu ne
m'apprends pas ou ils vont. Est-ce qu'ils reviennent en France? Ce n'est
pas probable. Les spahis ne quittent jamais l'Afrique; je t'envoie
toujours une petite lettre pour lui. Fais-la-lui passer, si tu sais ou
il est, et change l'adresse, s'il y a lieu. Bonsoir, chere soeur; je
t'embrasse mille fois, ainsi que notre bon Cazamajou, que j'aime de tout
mon coeur. Maurice vous embrasse aussi tous les deux bien tendrement. Il
est revenu de Paris avec moi; c'est le seul qui n'ait pas eu la grippe.
Les autres enfants d'ici te presentent leurs respects. J'attends Solange
dans quelques jours. Elle est tres gentille pour moi a present, malgre
la froideur et la raideur du fond. Mais elle est comme cela, il faut
bien aimer ses enfants comme ils sont. Sa petite est charmante. Son mari
a des travaux et gagne de l'argent.
Adieu encore, chere amie.
Ta soeur.
CCCXXXII
A M. CHARLES PONCY, A TOULON
Nohant, 6 juin 1851.
Mon enfant, je suis heureuse de l'amelioration de votre sort. Enfin,
voila du pain quotidien. C'est si cruel d'avoir du coeur, des bras, de
l'ame, et de ne pouvoir les occuper pour nourrir ceux qu'on aime! La
maniere dont vous avez ete elu est charmante. C'est une vraie victoire.
J'etais a Paris quand cette lettre est arrivee ici; je l'ai trouvee
a mon retour. J'avais la grippe et une grosse fievre que je trainais
depuis quinze jours a Paris, n'ayant pas un instant pour me reposer.
Votre seconde lettre, me confirme votre satisfaction. Une bonne sante a
vous trois! avec cel
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