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avaient ete ecrites. Celles qui etaient adressees a New-York avaient
ete le chercher a Rio-Janeiro; celles qui avaient ete a Rio-Janeiro ne
l'avaient pas rejoint a San-Francisco; celles de Yokohama n'etaient
pas arrivees; celles de Calcutta, qu'il avait fait venir a Singapore,
etaient en retard lorsque le vapeur qui le portait avait passe le
detroit; et ainsi de suite jusqu'a Alexandrie.
De tout cela il etait resulte une conversation a batons rompus et
tellement embrouillee qu'elle etait a peu pres inintelligible.
Comment madame d'Arvernes avait-elle supporte leur separation?
L'aimait-elle toujours? Avait-elle un nouvel amant? S'etait-elle
consolee?
Pour lui il etait bien gueri, radicalement gueri et, le voyage avait
acheve le desenchantement qui avait commence avant son depart.
Mais apres tout il l'avait aimee, et si elle n'avait point ete pour lui
la maitresse qu'il avait revee, c'etait pres d'elle cependant, par elle
qu'il avait eu quelques journees de bonheur.
Et comment l'en avait-il payee?
Avec la violence passionnee qu'elle mettait dans tout, avait-elle pu
envisager froidement les choses? N'en etait-elle pas encore au moment
ou, sur la jetee du Havre, quand elle l'avait vu emporte par le
_Rosario_ elle avait tendu vers lui ses mains desesperees dans un
mouvement ou il y avait autant de colere que de douleur?
Voila pourquoi, avant de rentrer en France, il avait voulu passer par
Bade, ou il avait chance de rencontrer quelqu'un de son monde et de le
faire parler sans l'interroger trop directement: s'il n'obtenait point
des reponses predises, il demanderait a Harly de lui ecrire exactement
quelle etait la situation vraie et alors il saurait ce qu'il devait
faire: rentrer a Paris ou rien ne l'appelait d'ailleurs un jour plutot
qu'un autre, ou bien aller passer quelques mois dans son chateau de
Varages ou dans celui de Naurouse.
A peine installe a l'hotel, dans un appartement assez modeste, son
premier soin fut de demander les derniers numero, du _Badeblatt_ et de
chercher sur la liste des etrangers quels etaient ceux de ses amis qui
etaient arrives a Bade en ces derniers temps.
Le nom de Savine lui sauta tout d'abord aux yeux, mais il ne s'y arreta
point, aimant mieux s'adresser a un ami avec lequel il n'aurait point a
se tenir sur ses gardes et a peser ses paroles comme s'il etait devant
un juge d'instruction.
Cependant, comme il ne trouva point cet ami, il fallut bien qu'il revint
a Savine,
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