t quand il comprenait quels
dangers elle pouvait amener.
Que M. de la Roche-Odon s'imaginat, dans son zele et dans son amitie,
qu'il pourrait ramener le capitaine a la pratique de la religion
chretienne, cela s'expliquait et se comprenait jusqu'a un certain point.
Convaincu de l'excellence de cette religion, le comte etait persuade,
comme tous ceux qu'une foi ardente enflamme, qu'il n'y a qu'a demontrer
l'excellence de cette religion pour convertir les esprits qui
jusqu'alors sont restes plonges dans l'ignorance;--quand le capitaine
saurait, il croirait; quand il croirait, il pratiquerait: cela se tenait
et s'enchainait logiquement.
Mais le capitaine, qui se connaissait, savait parfaitement a l'avance
que la parole du comte serait impuissante et qu'elle n'amenerait aucun
changement dans ses idees.
De ces entretiens demandes par M. de la Roche-Odon, il ne pouvait donc
sortir que des luttes et finalement sans doute une rupture; car il
serait oblige, sous peine de deloyaute, de repondre aux arguments du
comte, et il ne pourrait pas le faire en se maintenant dans les termes
vagues qu'il venait d'employer. Il se reprochait de n'avoir pas ete plus
affirmatif. Continuer ce systeme serait une lachete dont il se sentait
incapable. Sans doute il ecouterait respectueusement le comte, il le
laisserait parler tant que celui-ci voudrait, il repondrait meme a ses
arguments, en les discutant avec la plus grande moderation, mais enfin
il arriverait une heure ou il faudrait bien que toutes ces discussions
se resumassent dans un mot, et ce mot il devrait le dire sincere et
precis, quoi qu'il put en resulter.
Alors le reve s'evanouirait pour faire place a la triste realite.
Berengere serait perdue. Car il n'y avait pas a esperer que M. de la
Roche-Odon consentit jamais a donner sa petite-fille en mariage a un
homme qui ne croyait pas. Son irritation serait d'autant plus vive
que, pendant un certain temps, il se serait complu dans ses idees de
conversion: antipathie religieuse, griefs personnels, esperance dechue,
amour-propre blesse, tout se reunirait pour amener une rupture que rien
ne pourrait empecher.
Il est vrai qu'un mot, un seul, aurait pu prevenir cette rupture, mais,
helas! ce mot il lui etait impossible de le prononcer; c'eut ete une
indigne tromperie envers le comte et envers Berengere, une lache
hypocrisie envers soi-meme.
Il ne pouvait pas croire par ordre, ni meme par amour, et ne croyant
pas, il ne pouvait pa
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