les esprits ont une
intelligence que nous ne pouvons meme pas concevoir. Eh bien, va-t'en!...
retire-toi de ce sol mobile!... montre enfin ton essence divine, que tu as
cachee jusqu'ici; et, le plus tot possible, dirige ton vol ascendant vers
ta sphere, que nous n'envions point, orgueilleux que tu es! car, je ne suis
pas parvenu a reconnaitre si tu es un homme ou plus qu'un homme! Adieu
donc; n'espere plus retrouver le crapaud sur ton passage. Tu as ete la
cause de ma mort. Moi, je pars pour l'eternite, afin d'implorer ton pardon!"
* * * * *
S'il est quelquefois logique de s'en rapporter a l'apparence des
phenomenes, ce premier chant finit ici. Ne soyez pas severe pour celui
qui ne fait encore qu'essayer sa lyre: elle rend un son si etrange!
Cependant, si vous voulez etre impartial, vous reconnaitrez deja une
empreinte forte, au milieu des imperfections. Quant a moi, je vais me
remettre au travail, pour faire paraitre un deuxieme chant, dans un laps
de temps qui ne soit pas trop retarde. La fin du dix-neuvieme siecle
verra son poete (cependant, au debut, il ne doit pas commencer par un
chef-d'oeuvre, mais suivre la loi de la nature): il est ne sur les rives
americaines, a l'embouchure de la Plata, la ou deux peuples, jadis
rivaux, s'efforcent actuellement de se surpasser par le progres materiel
et moral. Buenos-Ayres, la reine du Sud, et Montevideo, la coquette, se
tendent une main amie, a travers les eaux argentines du grand estuaire.
Mais, la guerre eternelle a place son empire destructeur sur les
campagnes, et moissonne avec joie des victimes nombreuses. Adieu,
vieillard, et pense a moi, si tu m'as lu. Toi, jeune homme, ne te
desespere point; car, tu as un ami dans le vampire, malgre ton opinion
contraire. En comptant l'acarus sarcopte qui produit la gale, tu auras
deux amis.
FIN DU PREMIER CHANT
CHANT DEUXIEME
Ou est-il passe ce premier chant de Maldoror, depuis que sa bouche,
pleine des feuilles de la belladone, le laissa echapper, a travers les
royaumes de la colere, dans un moment de reflexion? Ou est passe ce
chant ... On ne le sait pas au juste. Ce ne sont pas les arbres, ni les
vents qui l'ont garde. Et la morale, qui passait en cet endroit, ne
presageant pas qu'elle avait, dans ces pages incandescentes, un
defenseur energique, l'a vu se diriger, d'un pas ferme et droit, vers
les recoins obscurs et les fibres secretes des consciences. Ce qui est
du moins acq
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