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plus grande que la mortalite), toutes les fois que je ne leur jette pas
en pature un batard qui vient de naitre, et dont la mere desirait la
mort, ou un bras que je vais couper a quelque jeune fille, pendant la
nuit, grace au chloroforme. Tous les quinze ans, les generations de
poux, qui se nourrissent de l'homme, diminuent d'une maniere notable,
et predisent elles-memes, infailliblement, l'epoque prochaine de leur
complete destruction. Car, l'homme, plus intelligent que son ennemi,
parvient a le vaincre. Alors, avec une pelle infernale qui accroit mes
forces, j'extrais de cette mine inepuisable des blocs de poux, grands
comme des montagnes, je les brise a coups de hache, et je les
transporte, pendant les nuits profondes, dans les arteres des cites.
La, au contact de la temperature humaine, ils se dissolvent comme aux
premiers jours de leur formation dans les galeries tortueuses de la mine
souterraine, se creusent un lit dans le gravier, et se repandent en
ruisseaux dans les habitations, comme des esprits nuisibles. Le gardien
de la maison aboie sourdement, car il lui semble qu'une legion d'etres
inconnus perce les pores des murs, et apporte la terreur au chevet du
sommeil. Peut-etre n'etes-vous pas, sans avoir entendu, au moins, une
fois dans votre vie, ces sortes d'aboiements douloureux et prolonges.
Avec ses yeux impuissants, il tache de percer l'obscurite de la nuit;
car, son cerveau de chien ne comprend pas cela. Ce bourdonnement
l'irrite, et il sent qu'il est trahi. Des millions d'ennemis s'abattent
ainsi, sur chaque cite, comme des nuages de sauterelles. En voila pour
quinze ans. Ils combattront l'homme, en lui faisant des blessures
cuisantes. Apres ce laps de temps, j'en enverrai d'autres. Quand je
concasse les blocs de matiere animee, il peut arriver qu'un fragment
soit plus dense qu'un autre. Ses atomes s'efforcent avec rage de separer
leur agglomeration pour aller tourmenter l'humanite; mais, la cohesion
resiste dans sa durete. Par une supreme convulsion, ils engendrent un
tel effort, que la pierre, ne pouvant pas disperser ses principes
vivants, s'elance elle-meme jusqu'au haut des airs comme par un effet de
la poudre, et retombe, en s'enfoncant solidement sous le sol. Parfois,
le paysan reveur apercoit un aerolithe fendre verticalement l'espace, en
se dirigeant, du cote du bas, vers un champ de mais. Il ne sait d'ou
vient la pierre. Vous avez maintenant, claire et succinte, l'explication
du phenomene.
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