s partageons plutot l'avis de Calwer lorsqu'il
attribue l'embourgeoisement du parti social-democrate--phenomene observe
aussi bien dans l'Allemagne septentrionale, en France et ailleurs que
dans l'Allemagne du Sud--a des causes generales.
En effet, que s'est-il passe dans tous pays selon Calwer?
Au debut ce furent les salaries qui composaient l'element principal dans
l'agitation socialiste. Ainsi qu'aux premiers temps du christianisme des
pecheurs et des artisans allerent propager l'Evangile,--sans retribution
et pour sa seule cause,--ainsi il en fut du socialisme. Certains
propagandistes, par leur attitude independante, perdirent leur
gagne-pain. D'autres, afin de pouvoir continuer a propager leurs idees,
furent contraints de chercher de nouveaux moyens d'existence. Les uns
s'etablirent mastroquets, les autres montaient une petite librairie ou,
a la vente des periodiques socialistes, se joignait un commerce de
plumes, de papier, etc. D'autres encore ouvraient un debit de tabac et
de cette facon tout ce monde cherchait a se caser, soutenu par des amis.
Naturellement les braves citoyens ainsi mis a l'aise, en cessant d'etre
des salaries, deviennent de parfaits petits bourgeois et a partir de ce
moment leurs interets different du tout au tout de ceux de leurs anciens
camarades. De sorte qu'aujourd'hui on est arrive a pouvoir satisfaire a
tous ses besoins, depuis les vetements jusqu'aux cigares, en accordant
sa clientele exclusivement a des boutiquiers socialistes. La presse du
parti leur fait de la reclame et les ouvriers socialistes se voient
moralement obliges a ne faire leurs achats qu'aux bonnes adresses.
Calwer dit a ce sujet: "On attelle les chevaux du socialisme au char de
l'effort reactionnaire et le travailleur, moyennant especes, doit
prendre place dans cet impraticable et dangereux vehicule. On ne peut
pas en vouloir a ces personnes qui, contraintes par leur situation
d'entreprendre ce genre de commerce, se remuent et s'agitent pour le
faire reussir. Ils sont on ne peut mieux intentionnes tant a leur propre
egard qu'a celui des travailleurs. Mais du point de vue strictement
proletarien, ces entreprises ne sont que des trafics reactionnaires,
plutot prejudiciables aux ouvriers. Car ceux-ci se laissent persuader
qu'il est de leur devoir de favoriser ces entreprises. Ils y apportent
leur bonne monnaie et recoivent en echange des denrees qu'ils auraient
pu se procurer bien plus avantageusement dans un grand m
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