tous les impots directs
par un impot progressif sur le revenu, sur tous les revenus au-dessus de
3,000 francs. On trouve cette proposition dans presque tous les
programmes social-democrates; mais ici on a ajoute--bizarre
innovation!--que cette mesure s'appliquerait specialement aux petits
agriculteurs. Ce qui prouve combien peu on en a compris la portee.
Engels cite l'exemple de l'Angleterre. Le budget de l'Etat y est de 90
millions de livres sterling; l'impot sur le revenu y est compris pour 13
1/2 a 14 millions, tandis que les autres 76 millions sont fournis en
partie par le revenu des postes et telegraphes et du timbre, et le reste
par les droits d'entree sur des articles de consommation. Dans la
societe actuelle il est quasi-impossible de faire face aux depenses
d'une autre facon. Supposons que la totalite de ces 90 millions de
livres sterling doive etre fournie par l'imposition progressive de tous
les revenus de 120 livres (3,000 francs) et au-dessus. L'augmentation
annuelle et moyenne de la richesse nationale a ete, selon Giffen, de
1865 a 1875, de _240_ millions de livres sterling. Supposons qu'elle
soit actuellement de 300 millions. Une imposition de 90 millions
engloutirait presque un tiers de cette augmentation. En d'autres termes,
aucun gouvernement ne peut entreprendre une pareille chose, si ce n'est
un gouvernement socialiste. Et lorsque les socialistes auront le
pouvoir en mains, il est a esperer qu'ils prendront de tout autres
mesures que cette reforme insignifiante.
De tout cela on se rend bien compte et voila pourquoi on fait miroiter
aux yeux des paysans--"en attendant "!--la suppression des impots
fonciers pour tous les paysans cultivant eux-memes leurs terres et la
diminution de ces impots pour tous les terrains charges d'hypotheques.
Mais la deuxieme moitie de cette reforme applicable seulement aux fermes
considerables serait favorable a d'autres que le paysan. Elle le serait
aussi aux paysans exploiteurs "d'ouvriers".
Avec de nouvelles lois contre l'usure et d'autres reformes du meme genre
on n'avance pas d'un pas: il est donc tout a fait ridicule de les
proner.
Et quel est le resultat pratique de toutes ces choses illogiques?
"Bref, apres le pompeux elan theorique des "considerants", les parties
pratiques du nouveau programme agraire ne nous expliquent pas comment le
parti ouvrier francais compte s'y prendre pour laisser les petits
paysans en possession de leur parcellaire propriete qui, s
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