celles de son maitre, a
ces voyageurs, a condition qu'ils lui auraient offert leur caleche pour
descendre a la station, ou il se serait embarque pour Paris.
Cependant la voiture avait continue de monter la cote et elle s'etait
rapprochee.
Tout a coup il se frotta les yeux comme pour mieux voir. L'une des deux
dames etait vieille, avec des cheveux gris et une figure jaune; l'autre
etait jeune, avec des cheveux noirs et un teint eblouissant, qui
renvoyait les rayons de la lumiere.
Il semblait que ces deux femmes fussent la comtesse Belmonte et sa
fille, la belle Carmelita.
Il s'etait avance sur le bord de la route pour mieux regarder au-dessous
de lui. Mais a ce moment la voiture etait arrivee a l'un des tournants
du chemin, et brusquement les deux dames, qu'il voyait de face, ne
furent plus visibles pour lui que de dos.
Seulement, par une juste compensation de cette deception, le monsieur
qui lui faisait vis-a-vis devint visible de face.
C'etait un homme de grande taille, avec une barbe noire, mais cette
barbe etait tout ce qu'on pouvait voir de son visage; car, en regardant
d'en haut, l'oeil etait arrete par les rebords de son chapeau, qui le
couvraient jusqu'a la bouche.
A un certain moment, il releva la tete vers le sommet de la montagne, et
Horace le vit alors en face.
Il n'y avait pas d'erreur possible, c'etait le prince Mazzazoli
accompagnant sa soeur et sa niece.
Pendant que la voiture avancait, Horace se demanda quel effet cette
arrivee allait produire sur son maitre.
Quelle heureuse diversion cependant pourrait jeter dans leur vie la
belle Italienne, si le colonel voulait bien ne pas se sauver au loin
comme un sauvage.
Quel malheur qu'il n'y eut pas de chambres libres en ce moment a l'hotel
du Rigi-Vaudois!
Pendant qu'il cherchait a arranger les choses pour le mieux,
c'est-a-dire a trouver un moyen de garder le prince et sa niece, la
caleche etait arrivee vis-a-vis la grotte.
--Comment! vous ici, Horace? s'ecria le prince en se penchant en avant.
Horace s'etait avance.
--Est-ce que le colonel est en Suisse? demanda la comtesse Belmonte.
A cette question de la comtesse, Horace se trouva assez embarrasse; car
sans savoir si son maitre serait ou ne serait pas bien aise de voir des
personnes de connaissance, il n'avait pas oublie la consigne qui lui
avait ete donnee.
Comme il hesitait, ce fut mademoiselle Belmonte qui l'interrogea.
--Comment se porte le colonel? dit-elle.
|